17/12/2014

Ils font même voler des cagettes à légumes

Le FlyLab, fabrique à drones Do It Yourself

Par david-Julien Rahmil

Avec leur imprimante 3D, les bidouilleurs du FlyLab fabriquent des drones à prix cassé. En attendant de populariser leurs modèles, ils vendent leur savoir-faire aux boîtes d’aéronautique.

Rue Saint-Denis – Paris. Aux murs et sur les étagères du FlyLab, des dizaines de drones allant de la taille d’une mouche à celle d’un albatros s’exposent au regard des visiteurs. Bienvenue au paradis des fous de la télécommande et des hélices coupantes comme des rasoirs. Dans ce sous-sol au centre de Paris, une bande de geek passe ses journées à construire et tester des drones open source. Dans le fond de la pièce, une imprimante 3D tourne 24h sur 24 et des centaines d’outils dégueulent d’un peu partout. Les néons colorés qui parsèment les murs achèvent de donner des petits airs de Batcave à la galerie souterraine.

Start up et esprit Do it yourself

« Je suis bien content quand les gens entrent ici et lâchent un petit cri d’admiration », me lance Hakim en guise de bienvenue. Si le fondateur du Flylab me dit ça, c’est parce que je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher un petit « houa » émerveillé quand je suis rentré dans ce temple de la geekerie. Situé au sous-sol de La Paillasse, un laboratoire communautaire dédié aux biotechnologies situé rue de Saint-Denis, ce fab lab est dédié aux robots volants. Ancien ingénieur du son reconverti dans la vidéo, puis dans le bricolage robotique, Hakim Amrani Montanelli revient sur les raisons qui l’ont poussé à monter ce projet :

« Il y a deux ans, je cherchais une nouvelle voie professionnelle et notamment un nouveau moyen de m’amuser au travail. »

La bande de geeks passe ses journées à construire et tester des drones open source / Crédits : David J. Rahmil

Le bidouilleur achète une imprimante 3D et s’aperçoit qu’il peut fabriquer des pièces pour monter des drones avec son nouvel outil. Qu’à cela ne tienne :

« Depuis, j’en ai fait mon métier ».

Le lab sert de département recherche et développement pour Sogilis, une entreprise grenobloise qui développe des logiciels de vol pour Airbus et qui a récemment développé une branche drone. Ne vous y trompez, le FlyLab est bien une entreprise. « On a choisi de donner au lab une forme de start up histoire de faire rentrer des sous », ajoute Hakim. Le fondateur du FlyLab en profite pour vanter les qualités de sa boite :

« Là où un constructeur classique met deux ans à lancer son projet, nous on peut imprimer un châssis de drone la matinée, l’assembler et le configurer l’après-midi et le tester au bois de Vincennes le soir venu. »

Vers l’infini et au-delà

En parallèle de cette activité, le FlyLab espère aussi rendre accessible au grand public la technologie drone. « On essaye surtout de mettre en avant des solutions open source histoire de faire baisser les prix », espère Hakim. Il me montre du doigt un avion en polystyrène accroché au mur.

« C’est la copie exacte d’un modèle de drone vendu par Parrot à 25 000 euros pour faire de la cartographie. On a essayé de voir ce que ça donnait si on fabriquait la même chose et ça ne nous a coûté que 500 euros de matériel. »

Parfois, l’imprimante 3D n’est même pas forcément nécessaire pour donner un objet volant. « Ce qui est marrant avec les drones, c’est qu’une fois qu’on a réuni les éléments essentiels, comme les moteurs ou l’électronique de vol, on peut faire voler à peu près n’importe quoi », s’amuse Karim. Derrière lui, l’un de ses collègues effectue quelques branchements sur une cagette à fruits équipée d’hélices. 10 secondes plus tard, cette dernière est stabilisée en vol stationnaire et les habitants du Flylab s’entraînent à marquer des paniers avec des balles de ping pong.

« Ce qui est marrant avec les drones, c'est qu'on peut faire voler à peu près n'importe quoi. » / Crédits : David J. Rahmil

Quand on les interroge sur leur projet d’avenir, les geek du Flylab ont des étoiles qui s’allument dans les yeux.

« A côté, on a comme voisins nos amis du CogLab qui travaillent sur les sciences cognitives. Ils nous aident à concevoir un drone que l’on pourrait piloter avec un casque BCI (casque qui enregistre l’activité neuronale, ndlr). Ce qui est super avec ce lieu, c’est qu’il est rempli de gens très compétents et parfaitement autodidactes qui prouvent tous les jours qu’il n’est pas nécessaire de sortir de Polytechnique pour réaliser des projets très pointus. »

Si vous aussi vous souhaitez faire voler des cagettes de fruits ou bien ce magnifique chat-coptère , rendez-vous dès janvier pour l’ouverture au public du FlyLab.