Un drapeau sudiste décore le commissariat du 14e. C’est ce que montre une photo posté sur Twitter par… le ministère de l’Intérieur. « Symbole de la suprématie blanche » ou simple « hommage à la culture américaine » ?
(img) Bernard Cazeneuve pris en flag’
Un drapeau confédéré décore un mur du commissariat du 14e arrondissement de Paris. C’est l’étonnante découverte faite par les militants du site internet paris-luttes.info , qui s’indignent de voir ce qu’ils interprètent comme un « symbole de la suprématie blanche » sur une photo postée par… le compte Twitter officiel du ministère de l’Intérieur !
Sur l’image mise en ligne le 23 octobre, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve observe avec la plus grande attention une magnifique carte bleue. Trop concentré, sans doute, il n’a pas remarqué le grand drapeau barré d’une croix rouge pourtant bien visible au second plan.
Un drapeau utilisé par le Ku Klux Klan
Ce symbole aisément reconnaissable est à l’origine celui des « Etats confédérés d’Amérique » rassemblant, pendant la guerre de Sécession, onze états du Sud pour certains encore esclavagistes. Et c’est là le hic : ce drapeau sert aujourd’hui de signe de ralliement pour certains suprématistes blancs, notamment parmi les fans du Ku Klux Klan. « Un symbole très gênant qui n’a vraiment pas sa place dans un commissariat », commente la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo, contactée par StreetPress. Et d’insister sur la nécessité de creuser l’histoire :
« Il faut évidemment le retirer mais aussi chercher à savoir si aux yeux des policiers c’est un symbole militant. Et de prendre des mesures en conséquence. »
« Il ne faut pas voir le mal partout ! »
Christophe Crépin, porte-parole du syndicat Unsa Police était du déplacement dans le commissariat du 14e. Pour lui, il n’y a pas lieu de s’emballer :
« J’ai vu ce drapeau et il ne m’a pas choqué. C’est vous qui m’apprenez sa signification. »
D’autant que de nombreuses huiles du ministère étaient de la partie. « Si quelqu’un y avait vu un symbole raciste, il l’aurait immédiatement fait retirer », insiste Christophe Crépin. Pour le syndicaliste, l’étendard sur le mur ne serait aux yeux des fonctionnaires rien de plus qu’un simple hommage à la culture américaine. Il insiste sur la présence de nombreux autres éléments de déco :
« Ça égaye leur quotidien difficile et ça permet de recouvrir les murs d’un commissariat en très mauvais état. Il ne faut pas voir le mal partout ! »
Des arguments qui ne convainquent pas Rokhaya Diallo :
« Comment des policiers, un ministre de gauche et des hauts fonctionnaires peuvent voir un tel symbole sans en comprendre le sens ? C’est le signe d’une vraie inculture partagée. »
Contacté par StreetPress, le ministère de l’intérieur n’a pas répondu à nos questions.