Vous exposez pour la deuxième fois à Paris. Comment l’oiseau a-t-il quitté le nid ?
Phénomène naturel : on a commencé à grossir, à faire de plus en plus de choses, et un beau jour le nid lyonnais est devenu trop petit ! Cette année, on a même migré jusqu’à Bangkok , en suivant la météo. Un nid plus sale mais très confortable, là-bas on a pu s’éclater.
Vous répondez quoi à ceux qui comparent le street art aux fientes de pigeons ?
On n’a rien à leur dire, on les laisse piailler ! En fait, tout dépend de l’endroit où la fiente tombe. Les gens, ça ne les dérange pas tant que ça ne leur tombe pas dessus : le street art, ils aiment bien, mais pas sur leurs murs. C’est très français d’ailleurs, à l’étranger c’est souvent beaucoup plus souple. Nous, en tout cas, on pense qu’une fiente c’est plus sympa qu’une merde de chien – même si c’est plus dur à nettoyer.
Si vous étiez Titi, qui serait votre Grominet ?
(img) Le flyer de l’expo à L’Oeil Ouvert
On a beaucoup joué au chat et à la souris avec la police, mais au final c’est presque un détail – les keufs, ils sont chiants, mais ils ne nous empêchent pas d’avancer. Non, notre vrai Grominet, c’est plutôt la lenteur des institutions, qui nous rattrape sans cesse. Pour faire de grandes choses, on est obligés de travailler en partenariat : il nous faut de l’aide, un budget, un cadre légal… Et très souvent, alors qu’objectivement rien ne nous empêche de faire les choses vite et bien, c’est l’administration qui nous ralentit. Un rythme à la française, héritier de 200 ans de léthargie. Alors à l’échelle de Lyon, notre ville, on essaie de faire accélérer les choses en travaillant sur les mœurs, mais là aussi ça prend du temps.
Tous les oiseaux ont leurs limites : celui de Twitter roucoule en 140 caractères max. Quelles sont les vôtres ?
On ne s’en fixe aucune, et c’est ça qui est cool dans notre domaine. Depuis qu’on bosse avec les villes, on a des projets de plus en plus importants, qui mettent en œuvre des techniques de plus en plus poussées. Par exemple, on a découvert le vinyle cristal, un nouveau matériau qui reflète la lumière. On s’est dit : qu’est-ce qu’on peut en faire ? Résultat, pour la Fête des Lumières à Lyon, on a pour projet de recouvrir intégralement la Tour Oxygène de Birdy Kids qui scintillent. C’est la deuxième plus grande tour de la ville : les limites, on les repousse sans cesse ! Mais, comme on en parlait, ça a un peu traîné, donc ce sera pour l’édition 2015.
Pour finir, question culture : plutôt Edith Piaf ou Birdy Nam Nam ? Les Oiseaux ou Chicken Run ?
Birdy Nam Nam, à l’unanimité ! Et Chicken Run. On adorerait faire un film d’animation Birdy Kids. S’adresser aux enfants, mais de façon intelligente, pas dans le style abrutissant de Disney et consorts. Faut pas prendre les gosses pour des cons : il y a un vrai travail à faire pour leur parler d’une autre façon. Et puis les enfants, ça reste le public numéro 1 des Birdy Kids.
Guillaume : Moi j’y pense beaucoup les gars, j’ai griffonné des histoires et des scénarios dans mon coin ! C’est notre avenir, je vous le dis.