26/09/2014

C'est le nouvel an juif

L’après-midi où des milliers de juifs vident leurs poches dans le bassin de la Villette

Par Thibaud Delavigne

Jeudi après-midi, des milliers de juifs orthodoxes du 19e arrondissement se rassemblaient autour du bassin de la Villette pour… y vider leurs poches. Une cérémonie symbolique, qui marque le passage à la nouvelle année du calendrier hébraïque.

Paris 19e. Costume noir, baskets Nike noires et casquette blanche, un jeune homme patiente au dessus de l’écluse qui sépare le canal Saint-Martin du bassin de la Villette. Devant le jeune juif de 18 ans, des dizaines de coreligionnaires défilent en direction du bassin de la Villette. On lui demande ce que tout le monde fait là :

« Ben là, y’a un rassemblement… C’est pour le nouvel an juif. C’est symbolique, ils viennent jeter leurs péchés de l’année ! »

Des juifs du 19e arrondissement marchent en direction du bassin de la Villette, jeudi 25 septembre / Crédits : Thibaud Delavigne

En fait, c’est une tradition de la communauté juive du 19e arrondissement. Lors du premier après-midi de Roch Hachana, le nouvel an juif, plusieurs milliers de juifs religieux se donnent rendez-vous au bassin de la Villette pour purifier leur âme. « L’eau est un symbole de pureté et l’idée c’est d’y jeter nos pêchés », décrypte Feiga Lubecki, chroniqueuse à La Sidra de la semaine, le fanzine des orthodoxes loubavitch, qui explique que partout dans le monde, le même jour, les juifs se rendent près d’une rivière ou d’un cours d’eau.

Pour accomplir le rite, les plus pratiquants secouent les franges de leur « talith katan », qu’ils portent sous leur chemise, au-dessus du bassin. Les autres se contentent d’y vider leurs poches. Mais attention ! « C’est un symbole, on ne jette rien du tout à l’eau. S’ils drainent le canal, ils ne trouveront pas grand-chose ! » se marre Mme Lubecki, 63 ans et maman de 12 enfants.

Ils avaient l'air tellement concentrés qu'on a pas voulu les déranger... / Crédits : Thibaud Delavigne

La cérémonie appelée « tashlih », au cours de laquelle les juifs pieux vident leurs poches, fait office de rattrapage pour ceux qui ont manqué la sonnerie du « chofar » qui marque le début de Roch Hachana.

Le 19e arrondissement, doté d’une grosse vingtaine de synagogues, est un des plus grands quartiers juifs d’Europe.