10/01/2010

Le discours du père : Il faut « rapprocher les jeunes » des 2 quartiers en conflit

Vidéo: la marche pour Rachid, ado de 16 ans poignardé mercredi à Cergy

Par Arnaud Coisne

Dans l'affaire du meurtre de Rachid El Mokhtari, 2 jeunes de 16 et 17 ans ont été présentés ce matin au juge. Hier, près de 800 personnes avaient participé à une marche silencieuse entre Pontoise et Cergy. Les principaux discours, en vidéo.

M. El Mokhtari, père de Rachid :

Au terme de la marche entre Pontoise et Cergy, le père de Rachid s’exprime sur le parvis au dessus de la gare RER de Cergy Préfecture, à 100 mètres à peine du centre commercial des 3 Fontaines où son fils Rachid a trouvé la mort, mercredi 6 janvier :

« Nous sommes ici pour commémorer la mémoire de Rachid, 16 ans. Un garçon qui avait un bon coeur, qui aimait les autres et était très sociable. C’était un garçon épanoui, sérieux, sportif, sans histoire. Il avait des aspirations et des projets dans la vie. Par cet acte barbare, Rachid a été éliminé et nous ne le reverrons jamais. Cette épreuve est douloureuse, nous sommes traumatisés, tristes et nous ne pouvons que condamner ce crime. Nous regrettons la perte de cet être qui nous est si cher. Nous dénonçons cette violence banalisée, ce climat, cet environnement social qui nourrit et fait progresser ce fléau.

Face à ce drame, j’interpelle toutes les consciences, j’interpelle les pouvoirs publics, j’interpelle les parents, j’interpelle les grands frères, les éducateurs, les autorités religieuses… Bref tous ceux qui peuvent avoir de l’influence. Faisons ensemble que cela cesse, que cela ne se reproduise plus jamais.

Devant la gravité de cette situation, devant le climat tendu qui règne dans nos quartiers, et pour tenter de régler ce problème, je demande aux autorités locales deux choses dans l’immédiat : Mettre en place une cellule psychologique pour prendre en charge la famille, les amis de Rachid et les témoins qui étaient sur place ce soir-là au moment des faits. La deuxième chose, c’est la création d’une commission de médiation pour concilier et rapprocher les jeunes de ces deux quartiers, Louvrais et Marcouville. Enfin, au nom de ma famille, je lance un appel aux jeunes, à tout le monde : le calme ! Un seul mot d’ordre : le calme. Laissons la justice faire son travail, nous c’est notre destin, nous l’acceptons. Nous sommes à dieu et à lui nous retournerons. Merci à tous.»


« Nous sommes ici pour commémorer la mémoire de Rachid, 16 ans. Un garçon qui avait un bon coeur, qui aimait les autres et était très sociable. C’était un garçon épanoui, sérieux, sportif, sans histoire. Il avait des aspirations et des projets dans la vie. Par cet acte barbare, Rachid a été éliminé et nous ne le reverrons jamais. Cette épreuve est douloureuse, nous sommes traumatisés, tristes et nous ne pouvons que condamner ce crime. Nous regrettons la perte de cet être qui nous est si cher. Nous dénonçons cette violence banalisée, ce climat, cet environnement social qui nourrit et fait progresser ce fléau.

Face à ce drame, j’interpelle toutes les consciences, j’interpelle les pouvoirs publics, j’interpelle les parents, j’interpelle les grands frères, les éducateurs, les autorités religieuses… Bref tous ceux qui peuvent avoir de l’influence. Faisons ensemble que cela cesse, que cela ne se reproduise plus jamais.

Devant la gravité de cette situation, devant le climat tendu qui règne dans nos quartiers, et pour tenter de régler ce problème, je demande aux autorités locales deux choses dans l’immédiat : Mettre en place une cellule psychologique pour prendre en charge la famille, les amis de Rachid et les témoins qui étaient sur place ce soir-là au moment des faits. La deuxième chose, c’est la création d’une commission de médiation pour concilier et rapprocher les jeunes de ces deux quartiers, Louvrais et Marcouville. Enfin, au nom de ma famille, je lance un appel aux jeunes, à tout le monde : le calme ! Un seul mot d’ordre : le calme. Laissons la justice faire son travail, nous c’est notre destin, nous l’acceptons. Nous sommes à dieu et à lui nous retournerons. Merci à tous.»

Le représentant de l’Imam de Pontoise :

Au départ de la marche silencieuse, le représentant de la mosquée de Pontoise s’exprime sur le parking de la gare :

« Je voudrais dire un mot de la part de l’imam de la mosquée de Pontoise, à ses frères et sœurs. Aujourd’hui on est venu tous exprimer une tristesse, on n’est pas venu pour semer la haine, on est venu exprimer cette tristesse d’avoir perdu un de nos enfants. Celui qui vient de disparaître c’est notre enfant à nous tous, notre frère à nous tous et toutes. Et sans oublier que celui qui a mis fin à la vie de cet enfant, c’est notre enfant à nous tous et à nous toutes.

On est sur la plus belle agglomération de la région parisienne, on est venu dire “assez” à la violence, à la déchirure de notre jeunesse, à la division de notre jeunesse, et on est venu tous dire oui à l’union, à la fraternité, au partage, à l’amour; on est venu dire oui à l’union entre les cités de l’agglomération de Pontoise, 11 communes. On est tous des frères et soeurs.

Certes je vous parle du point de vue d’un imam de mosquée mais je ne suis pas venu parler de religion, je suis venu parler de fraternité parce qu’elle est au-dessus de tout cette fraternité humaine, hommes et femmes, âgés et jeunes, instruits et illettrés, on a tous le même sort. Nous devons tendre la main, nous devons travailler tous ensemble. Notre marche aujourd’hui je voudrais inch’Allah qu’elle soit un exemple. A nous tous de dire qu’on s’est trompés, qu’on n’est pas à l’abri de l’erreur. Aujourd’hui on veut se repentir, on veut se mettre la main dans la main pour prouver à ceux qui nous voient dans le monde entier. Sachez que ça va passer à la télévision aujourd’hui. Je voudrais que le monde entier voie que nous sommes revenus à l’ordre et à la raison.»

Dominique Lefebvre, maire de Cergy (95) :

Au terme du rassemblement, le maire de Cergy, répond à la caméra de StreetPress :

« Comme il a été rappelé, ce n’est pas la première marche ici à Cergy-Pontoise et ailleurs en France, et comme à chaque fois il y a un grand moment d’émotion et puis après on oublie.

Donc là, on est sur un fond de jeunes, ils sont tous très jeunes, ils sont de quartiers différents et l’histoire se répète de génération en génération. Cela fait 15 ans que je suis maire à Cergy et les adultes, les grands frères, ceux qui sont passés par là ont compris. Et les jeunes reproduisent.

Il faut effectivement qu’on prenne des initiatives, on est en train de parler avec les éducateurs de la sauvegarde au niveau de l’agglomération. Parce qu’il se trouve que ce sont des jeunes de deux quartiers d’une même ville de Pontoise, que cela s’est passé à Cergy ; mais ça aurait pu être un jeune de Cergy tué par un jeune de Pontoise ou vice versa. Donc c’est au niveau de l’agglomération qu’il faut mettre en place [des actions] ; on fait déjà beaucoup de choses.»

Voir aussi:

> 800 personnes pour une marche silencieuse à Cergy
> Rassemblement samedi, après le meurtre d’un ado de 16 ans à Cergy

Source: StreetPress | Arnaud Coisne