«L'indien» c'est la boutique rue Keller où les fans de SteamPunk viennent se saper. Des accessoires futuristes et des vêtements d'inspiration victorienne et… surtout des ados. Et « les acteurs de Visiteur du Futur viennent réguliè
Bastille, Paris 11e – Dans la vitrine de l’Indien, une boutique nichée au 36 rue Keller, les mannequins arborent chapeaux hauts-de-forme, lunettes d’aviateurs rétro-futuristes et lacet entrelacé au col de chemise. Mégane, ado « steampunk » de 14 ans lorgne sur les lunettes, pas vraiment du goût de sa mère : « Pas question ! » grimace cette dernière depuis le fauteuil en skaï blanc sur lequel elle est installée.
Sweat ample noir sur les épaules et collant destroy sous son short en jean gris, elle est venue spécialement pour essayer une paire de Doc Martens à pics. Manque de bol, elles ne sont pas à sa taille. « On n’a pas bougé jusqu’ici pour repartir les mains vides », marmonne l’adolescente au maquillage noir dégoulinant, visiblement prête à emporter la moitié de la boutique.
« Ils entretiennent une fascination particulière pour les mécanismes de montres et les voyages dans le temps. »
Rétrofuturisme En retrait, occupée à passer en revue l’arc-en-ciel de Creepers – des chaussures à plateforme – exposées le long du mur, Estelle tend l’oreille. Sans préambule, la jeune femme aux cheveux rouges, piercing à l’arcade, se retourne et se lance dans une définition hasardeuse du Steampunk :
« C’est une copie des looks du 19e siècle. Le temps des machines à vapeur. D’où “steam”. En gros, c’est Sherlock Holmes en pleine Guerre des Etoiles. »
Estelle n’en sait pas plus. Et puis elle est pressée. Elle alpague furtivement la vendeuse pour se faire conseiller une coloration rose pour cheveux, règle sa commande et disparaît dans la rue adjacente. Au passage, elle bouscule Eléonore, qui s’observe perplexe dans le miroir. La brunette de 17 ans essaie un corset pour un costume de guerrière celtique. Le genre d’accessoire essentiel pour une demoiselle Steampunk. Quant à sa définition du SteamPunk, elle est tout aussi ésotérique :
« C’est un style Victorien, mais genre du futur. Les filles portent par exemple de grandes robes à dentelles et froufrous avec un corset. Et en plus elles ont des masques à gaz. Pour montrer les problèmes de pollution, tout ça… Mais c’est compliqué à porter tous les jours. »
Les acteurs de la série Le Visiteur du Futur viennent souvent à L’Indien.
Total look La jeune fille à la voix timide ose pourtant le pantalon écossais mauve, la chaîne à la ceinture et les rangers. Ses tenues SteamPunk, elle les porte davantage à l’occasion de conventions comme la Japan Expo, le rendez-vous annuel des fans de manga. Au quotidien elle se contente de petites touches et d’accessoires. Comme ce sac à main en forme d’horloge accroché sur un mur. Et David le boss de la boutique de nous expliquer :
« Ils entretiennent une fascination particulière pour les mécanismes de montres et les voyages dans le temps. »
Derrière son comptoir, clavier au bout des doigts, le gérant de l’enseigne déroule fièrement les clichés de dizaines de clients aux looks excentriques pris dans le magasin :
« Nous avons des clients qui viennent chercher des tenues steampunk entières. Nous avons même déjà habillé une mariée. »
Stars La boutique est désormais le hot-spot du steampunk à Paris. Et Aurélie, vendeuse dans le shop, s’enorgueillit d’habiller les stars du mouvement :
*« Les acteurs de la web série Le Visiteur du Futur viennent régulièrement. »*
Au rayon des livres cultes, on trouve le manga Fullmetal Alchemist, des classiques de l’Angleterre victorienne, comme Sherlock Holmes.
Yvan & Lana, fans de L’Indien depuis 40 ans.
Business « C’est clairement le nouveau style à la mode », enchaîne David vêtu d’un très classique jeans t-shirt. Et pour cause, l’Indien existe depuis 1967. « Nous nous sommes toujours adaptés aux tendances. On a eu le Hippie, le Reggae, plus récemment le Gothique ou l’Emo. Aujourd’hui, c’est le Steampunk. »
Le business familial de L’Indien est installé sur trois spots rue Keller : aux numéros 25, 30 et 36. « Mais avant, ils étaient aux puces à Clignancourt », se souvient nostalgique Yvan :
« C’était le seul endroit pour acheter des habits punk. Sinon c’était Londres.»
La cinquantaine, veste beige et polo bleu clair, propre sur lui, quoique mal rasé, difficile de l’imaginer avec une crête sur la tête, trente ans plus tôt. S’il revient à L’Indien, c’est pour sa fille : Lana, 14 ans, mèches rouges et docs aux pieds.
Bienvenue chez L’Indien.
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