Une multinationale de la loc' de voiture rachète le réseau «Citer». A peine arrivée, elle décide de lourder les 18 agences franchisées et leurs salariés. Ça tombe bien 6 mois plus tôt on leur a fait signer un contrat qui facilite bien la tache
Des salariés qui se font virer, ça arrive tous les jours. Des patrons et leur boîte avec, c’est nettement plus inhabituel. Le réseau de 18 franchisés du loueur de voiture « Enterprise Rent-a-Car », anciennement « Citer », va tout simplement être mis à l’arrêt par la maison-mère américaine, leader mondial du marché de la location de voiture. Laissant 80 salariés et leurs patrons sur le bas-côté. Joint par téléphone, Alexis Cosson, le directeur de l’agence de Saint-Étienne et porte-parole des franchisés, a du mal à contenir sa colère : « Me faire mettre à la porte et traiter comme un chien par une boîte américaine, ça fait mal. »
Le Stéphanois de 43 ans avait pourtant « mouillé la chemise ». En 2006, il rachète l’agence Citer de Saint-Étienne, déjà en franchise à l’époque. « Je travaillais à Paris, comme cadre chez Avis [un loueur de voitures concurrent] où je faisais du contrôle de gestion et de l’audit interne. » L’envie de quitter Paris et d’être « son propre patron » le pousse à chercher une entreprise à reprendre. Envie de changer d’air, ce sera donc en province. « Mais toujours le domaine de la location de voiture, qui me plaisait beaucoup », précise-t-il. Un nouveau défi : l’agence est à la limite du redressement judiciaire. « En 2006, on faisait environ 250 000 euros de chiffre d’affaires. Maintenant, on tourne à 650 000 euros », assure le chef d’entreprise. Jusque là, tout roule.
Discount Courant 2011, « Citer » entame des négociations avec le géant américain du secteur, Enterprise Holdings, qui souhaite racheter les petits frenchies. « Avant la vente, les dirigeants de Citer ont voulu homogénéiser les contrats de franchise. » Rien d’étonnant selon Alexis Cosson : « Certains dataient d’une trentaine d’années, d’autres de 2010. »
Ces nouveaux contrats, « classiques » dans le domaine de la franchise, n’inquiètent pas outre mesure Alexis Cosson qui signe en toute confiance, fin 2011. Un détail le fait bien tiquer : leur terme est fixé au 31 décembre 2013. « Mais les dirigeants nous ont dit, “n’ayez pas d’inquiétude, les Américains vous feront signer de nouveaux contrats après le rachat.“ » Ce qu’à l’époque les franchisés ignorent, c’est que ce nouveau contrat était en fait « une belle entourloupe », s’énerve Cosson.
Novembre 2011, tous les salariés et les franchisés « Citer » sont « conviés à une grand-messe » au centre de congrès Cap 15, quai de Grenelle, à Paris. Au programme : cocktails et canapés mais surtout le discours du président de « Citer », Gérard Maitre. À cette occasion, il officialise la vente, célébrant devant les 300 personnes conviées « l’opportunité extraordinaire de ce rachat programmé » [officiellement signé en février 2012, ndlr]. « Il nous a assuré qu’Enterprise ne toucherait pas aux franchises » raconte Alexis Cosson.
Il repart « confiant », d’autant plus que les affaires sont au beau fixe. « 2012 a été notre troisième bonne année financière d’affilée », se souvient, légèrement amer, Alexis Cosson, désormais dépendant d’Enterprise Rent-A-Car, une filiale de la holding « Enterprise ». De quoi aborder 2013 sereinement.
Elle compte parmi ses filiales, « Enterprise Rent-A-Car », à ne pas confondre avec son concurrent français « Rent-A-Car. » La première a un logo vert et noir, la seconde bleu et rouge.