En ce moment

    03/07/2013

    Ayahuasca, opium, Iboga... partir en vacances, c'est aussi expérimenter

    Mes vacances dans une narco-destination (1/2)

    Par Robin D'Angelo

    Certains spots touristiques ont bâti leur réputation sur une drogue, d'autres mêlent tourisme culturel et découvertes spirituelles. Des Andes aux clubs de Warschauer Strasse, 10 récits d'expériences narcotiques pendant les vacances.

    1 Estelle à Gili Trawangan : Sea, sex and… champignons hallucinogènes

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/narco-1.jpg

    Bon, c’était peut-être pas des hallus, tous ces motifs… /

    C’est où : Gili Trawangan, une petite île au large de Lombok en Indonésie, connue pour ses plages de sable blanc, ses petits bungalows et ses full moon party. Partie dans l’archipel un mois avec son copain, Estelle, 26 ans à l’époque, y passe 7 jours sur « les conseils d’un pote surfeur qui a parcouru le monde ».

    La drogue : Des « magic mushrooms » de couleur bleue.

    Comment ça se passe : A peine arrivée dans un premier troquet de Gili Trawangan qu’Estelle se voit proposer de la bière… mais aussi de la coke, de la ice et des « magic mushrooms » ! Pas très branchée cristal-meth, la meuf se rabat sur les champignons qui font la réputation de la petite île. Le barman se charge du reste : un coup de mixer pour mélanger les psylos à un jus de fruits et le tour est joué. « Ça reste quand même dégueulasse. » Estelle en reprendra tout de même 5 fois pendant son séjour.

    Le trip d’Estelle : « C’est un vrai trip dans le sens où c’est un vrai voyage avec un début et une fin. Quant aux hallus, par exemple j’étais sous la douche de mon hôtel et les motifs floraux du papier peint ont commencé à s’animer. Ou par exemple, je regardais mon pied et j’étais sûre de voir mon squelette ! J’ai dû prendre mon pied en photo 50 fois car j’étais vraiment sûre de moi ! »

    Attention bad trip ! Estelle a aussi essayé les champignons à Bali, où ils ont une moins bonne réputation qu’à Gili Trawangan. Effectivement, ça n’a pas raté. Au menu : crise de larmes et l’envie de se jeter dans une piscine. « Et quand tu as un bad trip, c’est vraiment très très long ! »

    2 Le voyage astral de Charlotte sous Ayahuasca dans les environs de São Paulo

    C’est où : Dans une forêt au fin fond de nulle part, à 1h30 de voiture de São Paulo. Charlotte, qui s’intéresse à l’éveil et à la méditation, profite de ses deux mois de vacances au Brésil pour faire une expérience psychotrope millénaire.

    La drogue : L’Ayahuasca, une liane amazonienne dont l’écorce réduite en poudre ou en breuvage, est consommée par les tribus locales pour entrer en transe lors de rituels sacrés.

    Comment ça se passe : « Le chaman a une page Facebook », s’amuse Charlotte. C’est donc grâce au réseau social de Mark Zuckerberg qu’un ami brésilien la prévient qu’une cérémonie chamanique doit avoir lieu dans les environs de São Paulo. Charlotte se met en route et découvre au point de rendez-vous une « géode en bois de 40 mètres de diamètre ». Dedans : un immense feu et une quarantaine de personne venues avec matelas et flûtes. Contre 40 euros, le chaman distribue de l’Ayahuasca, briefe ses ouailles et officie en psalmodiant des chants indigènes. C’est parti pour 10 heures de trip !

    Le trip de Charlotte : « Ce que je retiens, c’est que tu communiques avec un tout. Par exemple, je suis sortie au-dessus de mon corps et j’avais une vision à 360 degrés de la vallée. Tu as une impression d’unicité. Aussi, je suis partie dans les étoiles pour un voyage astral. Mais le plus intéressant, c’est que tu as des hallucinations super éclairantes sur toi. Tu vois des monstres ou des formes géométriques qui te révèlent des choses enfouies dans ton inconscient. »

    Attention chéper ! L’Ayahuasca est formellement déconseillé aux personnes susceptibles d’avoir des antécédents psychiatriques. Charlotte d’ailleurs « ne se sent pas de recommander l’expérience. » « Le danger, c’est de prendre tes hallucinations au premier degré. En positif ou en négatif d’ailleurs. Des gens instables peuvent s’identifier à ce qu’ils ont vu et rester bloqués. »

    3 Romain part 3 semaines en Californie pour travailler dans une ferme à cannabis

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/narco2.jpg

    « Comme tu passes 12h la tête dedans, tu as toujours des petits yeux ! » /

    C’est où : A une centaine de kilomètres au nord de Sacramento dans la région de la « Grass Valley » où se concentrent les exploitations de marijuana en Californie.

    La drogue : En Californie, cultiver, consommer et transporter de la marijuana est dépénalisé à partir du moment où vous bénéficiez d’une ordonnance de votre médecin. Et d’après Romain, 27 ans, venu visiter la région avec une copine, « il suffit de donner un bakchich à un médecin pour en obtenir une ».

    Comment ça se passe : Si Romain est parti découvrir la Californie en septembre 2011, c’était avec « le but de trouver un taf dans la weed. » Alors le jeune homme passe du temps dans « la Grass Valley » et trouve rapidement le bistrot où viennent pointer les saisonniers. Il y fait choux-blanc mais une nuit, à 3 heures du matin, « un vieux hippie grec complètement bourré » lui propose de monter dans son pick-up et de démarrer le boulot dès le lendemain, à 8h du mat’. Banco ! Sur le coup, Romain et son amie se demandent quand même un peu où ils foutent les pieds.

    Le trip de Romain : « Tu trimes – tu commences le taf à 8h du matin et tu termines à 20h. Le truc le plus chiant, c’est de couper à raz et au ciseau les têtes de beuh. Mais ce qui est génial, c’est que tu es assis, avec vue sur les montagnes et des enceintes pour mettre la musique que tu veux. Et comme tu passes 12h la tête dedans, tu as toujours des petits yeux ! Le Grec nous a payés en weed et en dollars. En plus, tu es nourri, logé, blanchi. Et l’exploitation était tranquille : on était 5 pour 50 pieds. »

    Attention chômage ! Romain explique que ce n’est pas forcément facile de trouver du taf dans la weed quand on ne connaît personne en Californie. Une situation qui se serait aggravée à cause de la crise économique : « C’est comme pour nous avec les vendanges, c’est le plan pour les jeunes Américains qui sont en galère de taf. Il y a beaucoup de concurrence. » Romain de mettre aussi en garde contre les braquages : « Ça arrive dans plein de fermes ! »

    4 Nicolas en excursion à Real de 14 pour prendre du Peyotl

    C’est où : Real de 14, une superbe ville coloniale abandonnée mais qui est restée en parfait état. L’attraction est « un passage presque obligé pour qui veut visiter le Nord du Mexique », explique Nicolas, 28 ans, parti 10 jours en road trip dans la région avec des potes.

    La drogue : Le Peyotl, un bouton de cactus à haute teneur en mescaline connu pour ses effets hallucinogènes. Son usage est un rite sacré chez les Indiens Huicholes. La plante ne pousse que dans cette région du Mexique.

    Comment ça se passe : Des jeeps attendent les touristes en contrebas de la ville. Contre une petite somme, elles déposent les gringos dans une grande plaine où il suffit de se baisser pour trouver les précieux cactus. Un petit coup d’opinel, et clac, on découpe le bouton sacré ! Les jeeps et leurs conducteurs mexicains reviennent vous chercher au même endroit 5 heures après. Un système bien huilé.

    Le trip de Nicolas : « Déjà, le Peyotl est très amer donc extrêmement dur à bouffer. Ils recommandent du miel ou des yaourts pour le faire passer. Après le trip était très léger. Franchement, c’était loin des livres de Castaneda ou de ce que j’ai connu sous LSD. En fait, tu fermes les yeux et tu vois des couleurs. Je n’ai pas dû en prendre assez… Par contre mes amis ont vomi et étaient euphoriques. »

    Attention bad trip ! Nicolas ne recommande pas l’expérience du Peyotl et dénonce un business « cynique » « Je me suis senti sale après. Le Peyotl, c’est une espèce menacée et en même temps importante pour la culture des Huicholes. Et tous ces touristes à la cool qui viennent essayer, c’est en fait aussi destructeur que le tourisme de masse à Cancun. » A éviter donc, si vous voulez préserver votre bonne conscience écologique.

    5 David profite de son voyage de noces en Nouvelle-Calédonie pour tester le kawa

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/narco3.jpg

    Ça fait voir double, le kawa ?! /

    C’est où : Quelque part dans les faubourgs de Nouméa, dans un « makamal » en tôle avec plein de loupiotes électriques. « Ça ressemblait un peu à un bidonville », se souvient David, jeune papa de 29 ans.

    La drogue : Le kawa, une plante originaire des Îles du Pacifique Sud – Vanuatu principalement – connue pour ses vertus relaxantes et euphorisantes. Elle est principalement consommée en boisson et est utilisée pour installer un climat apaisé pendant les rencontres entre chefs de tribus.

    Comment ça se passe : Le kawa, David en avait entendu parler par un ami avec qui il avait déjà pris des « champotes ». Alors une fois arrivé à Nouméa pour son voyage de noces, il se débrouille pour être mis en relation avec une Vanuataise qui l’emmène dans « un makamal », un bar spécialisé dans la consommation de kawa. Dedans, on lui sert dans un « shol » – une demi-noix de coco qui te sert de bol – un liquide blanchâtre au goût poivré… Enjoy your meal !

    Le trip de David : «  Les effets ne sont pas extra, et puis c’est vraiment dégueu. En fait, ça m’a fait l’effet d’un bon Lexomil. Je me sentais détaché et détendu. Et puis ma langue était complètement anesthésiée. Mais le rituel est sympa. Il faut cracher par terre pour les Dieux. Surtout c’est convivial : il y a de la musique relaxante et dans certains “makamal”, on s’assoit autour du feu. »

    Attention ! Les « Makamal » ne sont pas faciles à trouver. De l’extérieur, il n’y a aucun signe pour les repérer, si ce n’est une petite ampoule rouge sur la porte. De l’avis de David, cela peut être intimidant d’entrer si on ne connaît pas.

    MAP Pour afficher un lieu sur la carte, passez la souris sur l'icône et cliquez sur le nom du lieu

    “Lire la deuxième partie ici”:http://www.streetpress.com/sujet/98633-mes-vacances-dans-une-narco-destination-2-2

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER