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    22/03/2013

    « Nous chantons pour des prunes ! »

    En virée à Nantes avec la chorale de Notre-Dame-des-Landes

    Par Edouard Dropsy

    C'était une première : Pour récupérer des vivres et aussi mettre les locaux de leur côté, des « occupants » de Notre-Dame-des-Landes ont constitué une chorale pour chanter sur les marchés. Une histoire parmi tant d'autres sur la ZAD.

    Avec leurs guenilles, leurs barbes hirsutes et leurs bottes boueuses, les choristes de la Zone à Défendre (Zad) de Notre-Dame-des-Landes, sont loin de l’image d’Epinal des Petits chanteurs à la Croix de bois. Mais, consciencieux comme dans la plupart des actions qu’ils entreprennent, ils répètent.

    Trois fois par semaine, une vingtaine d’occupants de la ZAD se réunissent pour la chorale dans un des nombreux campements de la zone :

    « C’est parti d’un délire d’un petit groupe de gens, raconte Babé qui vit ici depuis trois mois. Ils ont proposé une soirée, comme ça, et on en a fait d’autres. On s’est dit qu’il fallait utiliser toute cette énergie. »

    Chorale au marché Début mars, c’était donc leur première sortie à Nantes, au marché de la Petite Hollande. Un quartier qui, sans mauvais jeu de mots, est l’ancien fief de Jean-Marc Ayrault.


    Map -C’est où ?

    « Nous chantons pour des prunes », « Lancez nous des tomates », « On veut de l’oseille, pas des thunes »,voilà le genre de message, inscrits sur des panneaux, que veulent faire passer les « zadistes-choristes ». L’argent ne se mange pas. Les légumes, de saison, si. Dans l’immédiat, il est question de discuter avec les Nantais, directement concernés par le projet d’aéroport.

    Les voilà partis pour quatre heures de chants et d’échanges.

    Lacrymo-maracas Aligné, le chœur de la ZAD interpelle le chaland en chanson. Au répertoire : des classiques de la chanson de résistance comme la « Semaine sanglante », hymne de la Commune, « Bella Ciao » ou des détournements de Brassens, Françoise Hardy et Annie Cordy parodiée dans leur chanson phare « Chauuuuud Lacrymo ! » Une référence aux cavalcades de gendarmes mobiles dans la ZAD. Et les zadistes, dont le credo est « rien ne se perd tout se recycle » ne manquent pas d’ironie : ils ont fait des cartouches de grenades vides… des maracas.

    Un habitant de Bourges, de passage : « L’idée de chanter au milieu du marché, d’avoir une animation pacifique, récolter de l’alimentation pour ceux qui luttent, c’est défendre la liberté ». Grâce à lui, les zadistes vont pouvoir au moins manger des radis, des pommes et de la mâche. Avec leur info-kiosque, ils véhiculent leurs idées, leurs propositions, comme celle d’agrandir l’aéroport actuel situé au sud de Nantes.

    Mais pour beaucoup de locaux, la construction prévue est synonyme d’emplois et de baisse du chômage. Pour les anti-aéroports, cet argument n’est pas valable car « c’est un faux problème. » « Ça va être un transfert d’emplois d’un aéroport à un autre, explique Yves, un ancien de GreenPeace qui ne vit pas sur la ZAD mais vient régulièrement donner un coup de main. Si c’est pour créer des emplois en bétonnant la planète, ce n’est pas une solution. »

    Boustifaille Dans la dizaine de cagettes qu’ils ont récupérées, on trouve pêle-mêle, des poireaux, des radis, du pain, des pommes de terres, des courgette-mais-comme-c’est-pas-de-saison-on-les-refile-aux-autres-glaneurs-de-fin-de-marché, des salades, des saucisses, des choux, des pommes (beaucoup), de la sole, des oignons, de l’ananas etc . Nantes était un tour de chauffe « pour s’accorder entre nous », dit Lola de sa voix grave. Bientôt ils iront dans un autre coin, toujours entre copains, pour ne pas s’isoler et mettre les locaux de leur côté. En attendant, le soir, ils se réunissent tous, avec bien d’autres, au collectif des Cent noms pour une grande boustifaille chantante.

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