Avenue Marceau (Paris) – 17 heures. « Un toit, c’est un droit », scande le porte-parole de l’association Droit au Logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud, dans le mégaphone. Des barrières formant un périmètre de sécurité devant l’ambassade d’Espagne, c’est sur le trottoir d’en face que les manifestants ont déployé leurs bannières et leurs banderoles. Ils sont une quarantaine à tout casser rue Alma Marceau. Et seulement cinq malheureux policiers sont présents pour les encadrer.
« On soutient les Espagnols pour le logement . On est là parce qu’on est tous victimes d’expulsion. Moi depuis deux ans est demi j’habite à l’hôtel, » raconte Linda, 30 ans, mère de trois enfants, un drapeau jaune avec le logo du DAL à la main.
Indignados Le PAH, l’Association des victimes des crédits immobiliers en VOST et crée à Barcelone en 2009 , avait appelé à manifester devant les ambassades d’Espagne des Etats européens.
« En Espagne, ce n’est pas un problème de logement comme en France, précise Lilia, franco-espagnol membre de l’AITEC (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs). Il n’y a pas un manque structurel de logements. Beaucoup sont vacants. Ce sont les propriétaires qui sont expulsés, non les locataires. Ils ne peuvent pas rembourser leur emprunt et du coup, c’est la banque qui devient propriétaire du logement. C’est pour ça qu’on se mobilise aussi contre les banques. »
Une « initiative populaire » lancée par le PAH en février a déjà recueilli 1,4 million de signatures dans la péninsule ibérique. Elle réclame la mise en place de plusieurs mesures par le parlement, comme une extinction de la dette avec la saisie du bien immobilier. Le bras de fer ne fait que commencer avec le Parti Populaire qui détient la majorité législative. Le 13 mars, la justice européenne a elle déclaré « contraire au droit » européen la loi espagnole sur les crédits immobiliers .
Ils ne peuvent pas rembourser leur emprunt et du coup, c’est la banque qui devient propriétaire du logement
Crédit à taux variable L’appel lancé par le PAH espagnol né en marge du mouvement des Indignés a été immédiatement repris en France par l’association le Droit au Logement. Devant l’ambassade d’Espagne, des militantes et trois ou quatre familles victimes d’expulsion en France écoutent Jean-Baptiste Eyraud, cheveux blancs ébouriffés au vent, exposer quelle est la situation de l’autre côté des Pyrénées :
« Les Espagnols ont acheté des logements très très chers à cause de la spéculation immobilière et sont maintenant mis à la rue. C’est le système américain. Il y a beaucoup de suicides à cause de ça en ce moment en Espagne. Il y a plus de 500 expulsions par jour. »
Dans la péninsule ibérique, ce n’est pas moins de 415.000 ordres d’expulsions qui ont été rendu depuis 2008 et l’éclatement de la bulle immobilière. En France, on compte plus de 113.000 décisions d’expulsion prononcées par les juges en 2011, selon la Fondation Abbé-Pierre.
Il y a beaucoup de suicides à cause de ça en ce moment en Espagne
Solidarité européenne « Il n’y a pas qu’en Espagne et à Paris qu’on manifeste, mais aussi devant les ambassades de Berlin, de Londres, d’Edimbourg. L’objectif est de travailler conjointement et d’élargir le mouvement. Il faut créer un mouvement européen de solidarité. On commence aujourd’hui mais c’est un travail qui prendra du temps pour parvenir à une convergence des luttes », explique Annie Pourre, militante du DAL.
« Aujourd’hui, on voulait être reçu à l’ambassade, mais elle est fermée, regrette Daniel, militant à Attac. Ils ont fait le pont avec la Saint-Joseph, une fête religieuse importante en Espagne. »
Mais pas de quoi refroidir les ardeurs de Jean-Baptiste Eyraud : « De toute manière, on reviendra. L’idée est de lancer cette vague contre les expulsions immobilières. » Edouardo, membre de l’association des Espagnols à Paris et chercheur sur la question du logement à Madrid, signale qu’une nouvelle manifestation, plus importante, pourrait être organisée au Trocadéro.
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