A l’été 2011, Zach Sims et Ryan Bubinski qui étudient à la fac de Columbia (New-York), bidouillent un site d’e-learning qui doit permettre aux internautes d’apprendre à coder. Ils ont dans la tête une plateforme où pour apprendre et pratiquer la programmation web, les internautes n’auraient à installer aucun environnement ou logiciel sur leur ordinateur, ce qui est en général une grande barrière dans l’apprentissage du code. Une fois inscrits sur leur site, les internautes devront pouvoir apprendre et tester dans la même fenêtre tout ce qu’ils programmeront. Si l’idée est intéressante, Zach ne croit pas tant que ça au projet et se dit heureux si 50 personnes viennent s’inscrire sur son site…
Quelques semaines plus tard, le site est terminé, Zach et Ryan mettent en ligne une version bêta, et envoient le lien à quelques potes avant de partir déjeuner. Lorsqu’ils ont terminé le dessert ils ont déjà… 10.000 inscrits. Ainsi s’est déroulé le lancement de la Code Cademy .
Référence De passage à Paris, on invite Zach Sims à prendre un café au Jaurès , histoire de creuser le sujet. Zach a levé 12,5 millions de dollars auprès d’investisseurs aussi confidentiels que Richard Branson ou Index Ventures, pour développer son projet. Et alors que Code Cademy compte « plusieurs millions de membres », il est en train de préparer une version française qui doit sortir « avant l’été ».
Chez Simple-IT, la société qui édite Le Site du Zero , le site français pionnier des tutoriels web, on reconnaît d’emblée que Code Cademy dispose d’une « brique d’e-learning très poussée, avec une culture produit qui nous inspire beaucoup. Pour mettre les mains dans le cambouis, Code Cademy permet de démarrer très vite », ajoute Mathieu Nebra.
Ce que je retiens aussi, c’est qu’on apprend toujours mieux quand on travaille sur un vrai projet pour un vrai client
Autodidacte A 22 ans, Zach n’a que que le Bac : Il a arrêté la fac en juin 2011, au lancement de la Code Cademy. Quand est arrivé la rentrée de septembre, c’était clair pour lui qu’il n’y remettrait pas les pieds :
« Avoir un diplôme c’est bien, mais l’important c’est de pouvoir faire la preuve de tes capacités réelles, en montant un projet ou en lançant une entreprise. A l’université on passe son temps à apprendre. Mais il ne faut pas oublier que l’on apprend aussi en faisant ! C’est pour cela que je pense que l’université, c’est bien pour certaines personnes mais pas pour tout le monde. »
La même histoire est-elle imaginable dans notre beau pays la France, où l’on vénère le dieu Diplôme ? Si Zach Sims joue du fait qu’il a arrêté la fac (voir vidéo ci-contre), en France, souvent les autodidactes se cachent. « Quand j’ai lancé ma boîte de développement web, je n’avais que le bac. Mais c’était mon entreprise donc les clients ne demandaient pas de CV ! », s’amuse Etienne Segonzac qui en 2006 venait de quitter les bancs de son école d’ingénieur et qui aujourd’hui est développeur mobile chez Mozilla :
« Ce que je retiens aussi, c’est qu’on apprend toujours mieux quand on travaille sur un vrai projet pour un vrai client ! ».
Job Des développeurs comme Etienne, les recruteurs se les arrachent. Et les écoles en forment trop peu, ou les forment trop mal. Ça n’est d’ailleurs pas qu’en France que le marché est à l’affût de développeurs web performants, comme l’explique Zach Sims :
« Aux Etats-Unis, l’université coûte très cher… Et malgré ça les diplômés qui sortent des formations d’ingénieurs ne correspondent pas aux besoins des entreprises qui cherchent des programmeurs web. »
L’université et les écoles d’ingénieurs françaises sont elles en ordre de marche pour former les développeurs dont le secteur du web a besoin ? Pas sûr pour Mathieu Nebra, qui a lancé son site de tutoriels informatique le Site du Zéro à… 13 ans :
« En pratique, les étudiants vont dans les écoles pour le diplôme et le réseau d’anciens, mais souvent ils apprennent le code sur le Site du Zéro. Et des messages qui nous remercient car c’est grâce à notre site qu’un internaute a trouvé un job, j’en ai reçu des dizaines de milliers ! »
François Hollande devrait utiliser mon site pour faire baisser le chômage des jeunes
Quand j’ai lancé ma boîte de développement web, je n’avais que le bac
United States of CTO La bonne nouvelle, c’est que les sites comme la Code Cademy ou le Site du Zero se multiplient tout comme les cours en ligne des facs américaines. Et que les pouvoirs publics outre-atlantique ont senti l’intérêt de ces plateformes dans la guerre qu’ils livrent au chômage des jeunes. Ainsi l’été dernier plusieurs milliers de jeunes américains ont participé au « Code Summer + » initié par la Maison Blanche en partenariat avec la Code Cademy :
« La Maison Blanche nous a contactés parce qu’ils voulaient faire quelque chose sur le chômage des jeunes, ils voulaient que les jeunes profitent de l’été pour acquérir des compétences qui leur permettent de trouver concrètement un boulot. »
Une idée à reprendre en France ? Le Site du Zéro travaille à un module d’e-learning en partenariat avec des labos de recherche et l’éducation nationale. Au cabinet de Fleur Pellerin, la ministre en charge de l’économie numérique, on confirme « qu’il n’y a sans doute pas besoin d’être formé dans une école d’ingénieur pour devenir développeur web “bas niveau”. Ces écoles forment par contre de très bons développeur “haut niveau” ». On ajoute « suivre de très près ces initiatives, et encourager les initiatives comme la Web @cadémie » qui forme gratuitement des jeunes déscolarisés aux métiers du web.
Quant à Zach, il a un bon conseil à donner à François Hollande :
« François Hollande devrait utiliser mon site pour faire baisser le chômage des jeunes »
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