Sur la taxe sur la bière :
Le gouvernement veut récupérer 450 millions d’euros en augmentant le « droit d’accise » sur la bière. La taxe augmenterait de 25 pourcent le prix du pack de bières en supermarché. C’est une boulette ou une idée juste ?
Ecoutez, d’abord, on est dans une situation épouvantable sur le plan budgétaire. Ce n’est pas de notre fait, on arrive… Non seulement, les caisses sont vides, mais elles sont plus que vides. On doit rembourser pendant des années ce que les autres ont dépensé. Soyons honnêtes, on va chercher partout où on peut des moyens de remplir ces caisses.
Mais… c’est juste selon vous ?
Ce n’est pas anormal ! Ce n’est pas anormal de taxer les bières, on pourrait taxer aussi le vin, et ainsi de suite.
Et pourquoi pas une taxe sur le champagne ?
Oui, enfin, encore que taxer le champagne, pourquoi pas… Vous savez très bien qu’il y a un problème de santé publique et que… Vous savez très bien que c’est par la bière que commence l’alcoolisme, au moins un peu. Donc voilà, c’est comme ça, il y a un problème de santé publique. Mais honnêtement, je ne suis pas pour ce débat. Et ce n’est pas pour cela que nous avons fait la taxation. Non, nous l’avons fait parce que nous voulions taxer ce type de produits. Et on devrait en taxer d’autres à mon avis.
C’est une mesure forcément impopulaire, vous en avez parlé avec les habitants de votre circonscription ? Et au fait, on est au comptoir, combien cela coûte un demi ?
Moi je ne bois pas de bière ! Je bois du vin ! Donc…
Est-ce qu’à la buvette de l’Assemblée nationale, les députés ne boiraient pas plus de vin que de bière ?
Cela dépend à quel moment… A midi, c’est plutôt du vin croyez moi. Mais dans la nuit un peu chaude, quand il y a les débats sur les amendements, on se jette une petite bière, ça arrive ! Mais il y en a certains qui sont au whisky…
« Moi je ne bois pas de bière »
div(border). La Matinale Politique
Chaque lundi à 19h, la « Matinale Politique » vous donne rendez-vous pour parler politique… en se prenant la tête mais pas trop quand même. L’émission est diffusée en direct sur Radio Campus 93.9FM et en streaming sur StreetPress. Retrouvez le podcast de l’émission en cliquant ici
Jean Christophe Cambadélis
1951 JCC naît à Neuilly-sur-Seine
1971 Sous le pseudonyme de « Kostas » s’engage dans le mouvement de jeunesse de l’Organisation Communiste Internationaliste
1981 « Camba » est élu président de l’ Unef
1986 Quitte le PCI avec 450 militants pour rejoindre le PS
1990 Fonde le « Manifeste contre le FN»
1994 Théorise le concept de « Gauche plurielle »
2011 L’affaire DSK éclate. Cambadélis en était le principal lieutenant
2012 Revient avec un livre, La Troisième Gauche, à paraître le 31 octobre
Sur le match pour la succession de Martine Aubry :
Vous avez manqué de peu le poste de Premier secrétaire du Parti socialiste. Ça s’est joué à quoi ?
Eh bien, à peu de choses : tout simplement au fait qu’à un moment donné, les protagonistes, qui n’étaient pas trois comme on l’a dit mais beaucoup plus nombreux, ont fait le tour… Il y avait des partisans de ma candidature, il y avait des partisans de la candidature d’Harlem Désir. Il apparaissait comme un peu plus consensuel que moi dans la direction du Parti socialiste. Et donc on a tranché pour Harlem Désir…
Jeudi se déroulait dans toutes les sections socialistes de France le vote de désignation du nouveau Premier secrétaire du Parti socialiste. Emmanuel Maurel et Harlem Desir étaient dans la course… Mais dans votre section, la section socialiste du 19e arrondissement, lors du dépouillement, 2 bulletins portaient la mention « Cambadélis »… Est-ce à dire que la défaite n’est pas passée chez certains de vos soutiens ?
Non, oui, c’est possible et même probable pour qu’ils les aient écrits. Enfin, ce n’était pas une consigne sinon il y en aurait eu plus ! Mais bon, il y en a qui ont été un peu déçus, comme dans tout combat politique. Vous trouverez toujours des déçus quand on n’a pas gagné.
Selon les informations de StreetPress, vous n’avez pas émargé dans votre section lors du vote de désignation du Premier secrétaire du Parti socialiste. Vous n’avez pas voté pour Harlem Désir jeudi dernier ?
Non, je ne pouvais pas pour des raisons familiales, j’en avais prévenu le Premier secrétaire.
Sur la présidence du Parti Socialiste Européen :
On murmure que si vous avez manqué de peu la direction du Parti socialiste français, la présidence du Parti socialiste européen (PSE) dont vous êtes le 1er vice-président, pourrait vous revenir, à la faveur d’un retour sur la scène politique bulgare de Sergueï Stanichev, l’actuel président ?
Vous êtes bien informés en tous cas. Oui, on a évoqué cela, car le premier vice-président [du PSE] est là pour remplacer le président quand celui-ci ne peut pas assurer son poste. Et comme Sergueï avait été le 1er vice-président de Rasmussen quand celui-ci n’avait pas pu garder son poste pour des raisons médicales, alors on a laissé dire que Cambadélis allait faire la même chose. Mais on n’en est pas là et toutes ces choses se décident avec d’autres pays et d’autres partis.
Vous feriez quoi si vous étiez à la présidence du PSE ?
Je ne suis pas encore à la tête du Parti socialiste européen, vous n’allez pas me scratcher ma campagne !
« Je ne suis pas encore à la tête du Parti Socialiste Européen, vous n’allez pas me scratcher ma campagne ! »
Sur la génération « Nanterre » :
Votre génération, celle de Nanterre dans les années 1970, puis de l’Unef dont vous avez pris la présidence en 1980, est au pouvoir aujourd’hui…
Pas tout à fait ! Vous savez qu’il y a une thèse qui est en vogue chez les journalistes, c’est qu’il y a les « Nanterre » contre les « Voltaire », les « Voltaire » étant les énarques issus de la promotion Voltaire de l’Ena qui a donné l’actuel président de la République, François Hollande, mais également Michel Sapin, Ségolène Royal ou encore Dominique de Villepin…
Vous voulez dire que votre génération, les Mélenchon, Dray, Le Guen ou Mennucci ne sont pas vraiment au pouvoir, mais encore dans la conquête de celui-ci ?
Ils sont très prisés quand on est dans l’opposition, parce qu’ils ont une certaine culture de l’affrontement, du combat politique, des manifestations, des mobilisations. Mais, c’est toujours compliqué quand on arrive et que l’on approche du pouvoir. Prenez quelqu’un, par exemple, comme François Rebsamen. Il était de notre génération même s’il n’a pas fait Nanterre – il était quand même, à l’époque, un militant chevelu et révolutionnaire ; et il n’a pas pu être ministre de l’Intérieur.
On a l’impression que pour conquérir ce pouvoir politique, vous avez mis tout le reste de côté. Par exemple, votre doctorat, vous l’avez passé à 35 ans…
32 ans, cela suffira… Mais c’est vrai que lorsque je deviens président de l’Unef en 1980, en réunifiant la dizaine de petits mouvements en une seule organisation syndicale, après je consacre 4 ou 5 ans à installer cela. Cela voulait dire que tous les jours j’étais sur les routes, et à l’époque on ne voyageait pas en jet ni en train mais en voiture… Evidemment, on perd beaucoup de temps au niveau de ses études.
Sur les « Cambas » :
Jean-Christophe Cambadélis, on vous surnomme « Camba ». Mais il y a aussi les « Cambas ». Les « Cambas », ce sont vos militants, des hommes et des femmes politiques qui vous suivent dans votre combat politique, qui se font souvent remarquer dans les AG des mouvements étudiants, dans les mouvements sociaux, contre le Front National par exemple pendant les années 1990. Qu’est-ce que c’est qu’être un « Camba » ?
Bah, je ne sais pas trop, un « Camba » c’est quelqu’un qui aime à participer à une aventure politique, à vouloir mettre la politique aux commandes, c’est garder une certaine tradition de gauche, c’est défendre le mouvement social, être partisan du mouvement d’en bas, voilà !
On dit qu’être « Camba » c’est aussi appartenir à une famille, à un groupe solidaire…
Oui à un groupe, mais une famille, c’est beaucoup dire ! Je ne suis pas tellement grégaire fondamentalement, je suis un individualiste grégaire ! Non, ce sont des gens qui ont un certain nombre de repères en politique et qui les défendent…
On les retrouve où ?
On les retrouve surtout au Parti socialiste… beaucoup plus que dans les ministères !
Est-ce que cela vous embête l’appellation « Camba » ?
Cela ne m’embête pas quand cela porte sur une orientation politique, mais quand ça a une connotation groupusculaire, ça m’embête un peu, oui.
Et l’idée que vos militants sont prêts à tout pour la conquête du pouvoir, cela vous gêne ?
Cela m’embête beaucoup parce que la démonstration est faite qu’ils ne sont pas arrivés au pouvoir!
D’ailleurs, est-ce qu’être « Camba », sans Dominique Strauss-Kahn, ça n’est pas un peu plus compliqué ?
Oui c’est un peu plus compliqué ! Parce que Dominique Strauss-Kahn était une sacrée locomotive, il faut dire ce qu’il est. Mais bon, chacun est retourné à ses occupations.
Qu’est-ce que vous leurs dites aux « Cambas » qui nous écoutent ?
Les gars et les filles, il faut continuer ! Il y a une belle bagarre à mener et on va la mener dans quelques jours autour d’ un livre que je vais sortir et qui va s’appeler « La Troisième Gauche ».
L’expression « les Cambas » quand ça a une connotation groupusculaire, ça m’embête un peu, oui
Sur les salles de shoot :
« Les tester oui, je pense que c’est une bonne idée parce qu’on constate que la prise de drogue, les shoots se font comme ça, à la sauvette, dans des lieux qui sont parfois à proximité des écoles, des maternelles… Et dans mon arrondissement, souvent on nous dit que le matin, quand on emmène les gamins à l’école et que l’on voit des seringues, ce n’est pas très agréable…
Ça serait bien que le 19e arrondissement, votre circonscription, participe aux premières expérimentations de salles de shoot ?
Nous avons souvent été pionniers dans le 19e arrondissement sur toute une série de sujets, mais il faudrait demander au maire de l’arrondissement, Roger Madec (…) et je pense qu’il y sera favorable.
Sur les contrôles d’identité au faciès :
Moi je pense que le [retour du] matricule [pour les policiers, ndlr] c’est très bien, parce que nous étions dans une situation impossible ou il y avait des contrôles, souvent au faciès, j’en sais quelque chose dans mon arrondissement même si le travail fait par les policiers et le commissaire de l’arrondissement est très positif et respectueux dans ce domaine. Mais il y avait l’impossibilité d’en appeler à quelqu’un.
Sur le futur :
Que fera Martine Aubry en 2022 ?
En 2022, ça nous emmène loin, ça ! Dans dix ans, je crois qu’elle aura abandonné la mairie (de Lille, ndlr) et qu’elle sera à la tête de la Fondation Jean Jaurès…
Le cannabis sera-t-il légalisé en 2022 ?
Je ne pense pas… Je ne pense pas…
bqhidden. « Je pense que le retour du matricule pour les policiers, c’est très bien »
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