1 Taxer de la tune à ses parents
Bien que pas mal de journaliste pigistes vivent sous le seuil de pauvreté, passer les concours des écoles de journalisme demande un compte en banque bien garni. Si tu te limites au Pemep (concours commun du CFJ et de l’IPJ) tu t’en tireras pour 428 euros maximum.
Mais comme tu dois multiplier tes chances de réussite il faut aussi penser à passer le concours du Celsa (70 euros), le concours du CUEJ de Strasbourg (91 euros) et celui de l’IUT de Bordeaux (70 euros) et rajouter les prix des billets de train (entre 60 et 75 euros aller-retour depuis Paris) et de la nuit d’hôtel (environ 60 à 80 euros). Ah oui, n’oublie pas aussi qu’il faudra payer un deuxième voyage si tu es admissible.
Résultat : Entre 800 et 1000 euros pour passer les concours.
Le conseil de StreetPress : Pour réunir cette somme, StreetPress te conseille de faire quatre stages de trois mois rémunérés 300 euros.
2 Taxer encore de la tune à tes parents pour t’inscrire à une prépa
Avec ta force de conviction légendaire, tu te sens capable de convaincre papa et maman de te prêter (beaucoup) d’argent ? Ou bien tu es prêt à vendre un rein ? Alors les prépas seront heureuses de t’ouvrir grand leurs portes contre un petit chèque de rien du tout.
Ce qui est bien avec ces dernières c’est qu’elles sont adaptées à ton profil. Synergie par exemple est parfaitement adaptée aux très riches avec un prix de 4.690 euros annuels tandis qu’ IPESUP est un peu en dessous avec une inscription montant à 2.400 euros. A ce prix-là, tu peux aussi tenter de squatter gratuitement les cours vu que l’appel est rarement fait. Sache pourtant qu’il n’y aucune garantie de résultat malgré les supers statistiques de réussite affichées sur les sites.
Résultat : Tu es endetté pour un bon bout de temps, sans aucune garantie de réussite
Le conseil de StreetPress : Ne dis jamais au grand jamais que tu as fait une prépa si tu es admissible et que tu passes l’oral. Tout le monde le fait… Mais chuuuuut, ça serait le meilleur moyen de te planter
3 Ficher les quotidiens
A partir du mois de janvier, tu dois passer 3 heures par jour à ficher les journaux Le Monde, Libération et Le Figaro. Attention, je n’ai pas dit « lire », j’ai bien dit « ficher », c’est à dire noter sur un cahier toutes les informations nouvelles afin de te faire des fiches de révision. Cette méthode doit te permettre de connaître la chronologie exacte des révolutions arabes, les noms exacts des principales villes touchées par le tsunami au Japon ou bien les résultats des championnats de foot les plus importants.
Quoi ? Tu n’aimes pas le foot et tu comptes devenir journaliste spécialisé en jeux vidéo ? On s’en fout, tu dois tout savoir sur tout et plus encore. Et ne crois surtout pas les plaquettes des concours qui proclament que le bachotage n’est pas souhaitable. A moins d’avoir une mémoire à la deep blue qui te permet de savoir immédiatement qui a reçu l’oscar du meilleur film étranger ou bien qui était le ministre de la santé à l’époque de la sortie du Médiator, il va falloir que tu manges le style ampoulé du Monde pendant plusieurs mois. Si ça peut te consoler, dis-toi que tu participes au financement du fleuron de notre belle presse française !
Résultat : Tu es devenu incollable sur le cours du CAC 40. Ca pourrait bien te permettre de te reconvertir dans la finance pour rembourser tes dettes.
Le conseil de StreetPress : Pique les fiches de tes voisins qui révisent à la bibliothèque, ça fait autant de concurrents en moins.
4 Deviens incollable en culture générale
Après le questionnaire d’actualité vient celui de culture générale qui est aussi tordu et peut-être même un peu plus vicelard. Impossible de savoir sur quel type de question on peut tomber du coup il faut tenter de tout savoir sur tout. Le meilleur conseil est d’apprendre par cœur un manuel d’histoire de terminale tout en investissant dans des bouquins du type La culture générale pour les nuls . Il n’y pas vraiment de règles et avec un peu de chance on te demandera de placer sur une carte les noms des régions et des chefs-lieux de France tout en donnant les noms des héros de Mad Men puis de citer l’auteur de la princesse de Clèves tout en décryptant des acronymes de syndicats. Tu ne me crois pas : voici pour toi quelques vraies questions de culture G de divers concours :
> 25 lignes sur Nicolas de Staël, sur la politique de la ville en France, chômage : serons-nous finalement sauvés par la démographie ?
> Au moment du renversement du Président Aristide en Haïti, qu’a-t-on appelé les chimères ?
> Quelle différence faites-vous entre un projet de loi et une proposition de loi ?
> Que fut, au milieu des années 1970, le Kampuchéa Démocratique ?
> En 1953 le prix Nobel de la paix fut décerné pour la première et unique fois à un militaire. Qui était-il et pourquoi ?
> Quel événement a relancé l’économie mexicaine à la fin des années 70 ?
> Quel est le plus petit état du monde ?
> Quelles furent les principales décisions prises par le Concile Vatican II ?
> Quels sont les noms des sous-marins français ?
Résultat :Tu peux clasher ton oncle Jean-Pierre sélectionné à 3 reprises en finale à Questions pour un champion pendant les dîners de famille.
Le conseil de StreetPress : Ne te fais de souci, tu auras oublié toutes ces infos inutiles dès que tu franchiras le seuil de l’école à la rentrée prochaine.
5 Fais Sciences Po
Bien qu’elles se défendent d’être des machines à formater, les écoles de journalisme favorisent souvent la même catégorie d’élèves et notamment ceux qui viennent de Sciences Po (12 % des diplômés se destinent à une carrière dans les médias). Les épreuves des concours et notamment de synthèse, d’anglais ou de culture générale sont pratiquement calibrées pour des élèves sortant d’IEP.
D’ailleurs les directeurs d’écoles le reconnaissent, comme le big boss d’une grande parisienne qui déclare que 10 étudiants sur 29 (soit le tiers de la promo) viennent de ces cursus.
Résultat : Tu as le même bagage scolaire et culturel que tes camarades de classe, vous partagez les mêmes centres d’intérêt et les mêmes petites copines depuis que vous avez 18 ans, c’est trop cool.
Le conseil de StreetPress : Il y a le wifi gratuit à Sciences Pipo, alors ça ne se refuse pas
6 Sois un journaliste avant l’heure…
Même si tu n’as jamais fait de stage, tu as intérêt à savoir écrire dans un style journalistique rapidement. Pas si facile que ça quand on sort de la fac et que l’on a l’habitude des plans en trois parties avec intro et conclusion. Apprends donc à gérer ta titraille, à faire un chapô et à lécher ta chute car les dissertations sont plutôt mal vues.
Résultat : Tu apprends à écrire comme un journaliste, c’est bien. Ta mère est fière de toi.
Le conseil de StreetPress : Si tu galères, apprend à répéter les intonations des journalistes de la radio. Ils ont l’art de la chute chevillée au corps.
7 …Mais pas trop quand même
Bravo tu as réussi à passer les épreuves des écrits grâce à ton incroyable mémoire et à tes 2 ou 3 stages dans la presse qui t’ont permis d’adopter un style journalistique. C’est bien mais fais gaffe quand même, les membres des jurys peuvent te demander à quoi une école de journalisme va te servir vu que tu as déjà beaucoup d’expérience. Et ne leur réponds surtout pas « avoir un réseau » car c’est bien trop mesquin. Il est évident que tu vas dans une école pour apprendre à être un grand journaliste et non pas pour profiter bêtement d’un annuaire d’anciens élèves.
Résultat : Tu te prépares à un oral des écoles de journalisme, avec toutes les questions vachardes qui t’attendent. Tu balises comme une loutre.
Le conseil de StreetPress : Ne dors pas la veille de l’oral et enchaîne les spliffs toute la nuit.
8 Sois sexy et fayote à mort
Tu as déjà vu des laiderons sur les plaquettes de présentation des écoles de journalisme ? Moi non plus. Du coup, n’hésite pas à déboutonner (un peu) ton chemisier quand tu passeras devant le jury.
Si tu es un mec, bah c’est pas de chance pour toi. Tu peux en profiter pour appliquer le conseil numéro 2 qui est de fayoter : « Bien sûr monsieur que votre école de journalisme située à 240 kilomètres de mes amis et de ma famille était mon premier choix. Bien entendu que je serais ravi de faire une carrière dans la presse quotidienne régionale. Couvrir les concours de beauté canin, c’est le rêve de ma vie…»
Résultat : Tu sors de l’oral et tu ne te sens pas bien. En as-tu fais trop ? Pas assez ?
Le conseil de StreetPress : Hé coco, ce n’est que ton premier oral, resaisis-toi !
9 Cultive un hobby marrant
Pour bien prouver au monde que les écoles recrutent des profils différents et non formatés, les jurys privilégient souvent les candidats qui cultivent un hobby marrant ou sortant de l’ordinaire. Tu vas devoir trouver le temps entre tes stages et tes révisions d’avoir un passe temps marrant et atypique afin d’attirer l’œil bienveillant du jury.
Aimer la lecture ou visiter les musées ne suffit pas, tu es prié de trouver une activité exotique qui prouvera aux yeux des professionnels qui vont te scruter que tu es le candidat le plus curieux. A toi les cours métrages sur les clodos de ton quartier ou bien la musique expérimentale avec des instruments fabriqués à partir de matériel de récupération.
Résultat : Tu claques l’argent qui te reste en stages de surf équitable et bilboquet japonais. C’est bien mon fils, tu iras loin.
Le conseil de StreetPress : Tu approches du but, continues !
10 Ne perds pas ton temps sur StreetPress et va bachoter, feignasse !
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