« L’été s’est très très bien passé, c’est même complétement fou ! » C’est la teuf chez Covoiturage.fr, le leader hexagonal des sites de co-voiturage. Avec 1 million de personnes ayant participé à un trajet entre juin et août 2012, Covoiturage.fr a explosé tous ses records cet été. Laure Wagner, responsable de la communication du site, n’en revient toujours pas :
« On a eu 200.000 inscrits en juillet et en août, alors que d’habitude c’est du 70.000 inscrits par mois. C’est complétement fou quand on sait qu’on a dû attendre 4 ans pour atteindre les 200.000 inscrits. »
Voyage par cher Quoi tu ne connais pas encore Covoiturage.fr ? Depuis 2004, le site met en relation des conducteurs et des passagers qui doivent effectuer un même trajet. Sur le site, on choisit son compagnon de route en fonction de ses affinités, de la marque de la voiture ou des villes traversées. Le conducteur demande au passager de participer aux frais. Et en voiture Simone.
Joint par StreetPress, Jaafar, étudiant en ingénierie, a traversé la France cet été avec son demi-frère Romain. Bye-bye Reims, direction Tarragone, son alcool au rabais et les boites de la Costa Brava. « On a pris des co-voitureurs entre Reims et Paris, Paris et Toulouse et Toulouse et Barcelone. A l’aller et au retour ! » détaille pas peu fier, le jeune homme de 21 ans. Au total, une vingtaine de personnes sont montées dans sa voiture pendant les vacances. Ce qui lui a permis de rembourser les frais de son voyage.
Roots, rock, co-voiturage Jaafar revendique entre 15 et 20 trajets en tant que conducteur sur Covoiturage.fr. Du haut de son expérience, il dresse le profil type du passager qui utilise les sites de co-voiturage :
« C’est vrai que c’est à chaque fois un peu le même stéréotype : baba cool, roots quoi. Ça m’est arrivé souvent d’en déposer à des stations-services, d’où ils repartent en stop. »
Et d’essayer d’expliquer le pourquoi du comment : « C’est peut-être un peu simpliste mais les roots sont aussi rarement aisés. Et puis, ils voyagent d’une façon ouverte, ils vont en festivals, ils campent partout ! »
Alors un truc pour fan de Tryo le co-voiturage ? Jointe par StreetPress, Laure Wagner de Co-Voiturage.fr démarre au quart de tour quand StreetPress évoque les dreadlocks et les djembés de certains passagers :
« Il faut casser les clichés ! Notre public n’est pas du tout le même que celui qui fait du stop. Dans nos études, on s’aperçoit que l’arbitrage pour nos passagers se fait entre le train et le co-voiturage. »
Mainstream Car à l’été 2012, le co-voiturage est bel et bien mainstream. Jérôme, 21 ans, a fait Nancy-Paris à la fin du mois d’août avec Sophie, 37 ans, qui n’avait pas vraiment le profil de fumeuse de ganja. « C’était son premier co-voiturage. Elle travaillait dans l’immobilier. Mais c’était super bien, ça m’a pas mal changé des discussions avec des gens plus jeunes. » Charlotte, 26 ans et covoitureuse depuis déjà 4 ans, estime que le profil des passagers a changé ces derniers mois, « comme pour le couchsurfing » :
« Avant il y avait beaucoup plus de jeunes de mon âge. Des gens qui allaient en festival. Là, j’ai eu beaucoup plus de cadres autour de la trentaine… Même une quinquagénaire, cet été ! »
Un profil de passagers que Laure Wagner, chargée de communication à Covoiturage.fr, met en avant quand elle annonce à StreetPress les chiffres d’une étude parue en 2012 : sur les 6 derniers mois, la part des covoitureurs de 18 à 35 ans a diminué au profit des 35 / 60 ans. La ménagère de moins de 50 ans en somme.
Plus fort que la SNCF L’ambitieux objectif pour Covoiturage.fr : atteindre les 5 millions d’inscrits en 2015 (le site en revendique aujourd’hui 2,5 millions). Si les étudiants sont largement choyés depuis le lancement – ils ont une propre page sur Covoiturage.fr, campus par campus – Laure Wagner met le paquet quand il s’agit de vanter « l’intergénérationnel » à StreetPress :
« C’est un bain de jouvence pour les quinquagénaires ! Les plus jeunes peuvent leur expliquer comment marche l’iPhone par exemple. Et pour les jeunes, certains ont trouvé des stages grâce au covoiturage. C’est génial l’intergénérationnel ! »
Et d’expliquer que la conquête d’un nouveau public se fera « naturellement » :
« Franchement je ne vois pas ce qui pourrait nuire à notre dynamique. A moins que le train ne redevienne pas cher ! »
Les trajets en covoiturage coûtent en moyenne moitié moins que les billets de train. Et le prix de l’essence ne devrait pas baisser de sitôt.
Confort Alors en 2015, ta daronne sera-t-elle prise en covoiturage par Jaafar, étudiant ? Le principal intéressé émet quelques doutes :
« Moi j’en parle tout le temps à mon père. A chaque fois qu’il doit se déplacer je lui dis ‘‘co-voiturage !’‘ Mais il a toujours de bonnes raisons de ne pas le faire : la sécurité, le manque de flexibilité des horaires…»
Charlotte, elle, tient à rappeler que si elle a pris une quinquagénaire cet été, celle-ci se rendait à… un festival : « elle était complétement babos ! »
Pour pouvoir taper dans les papas et les mamans, Covoiturage.fr va donc devoir assurer niveau confort. Le site a déjà mis au point un système de paiement par avance pour empêcher les lapins. Avant de prochainement mieux mettre en valeur les voitures les plus confortables. Jaafar prône lui une organisation avec des covoitureurs professionnels pour séduire papa et maman. Et pourquoi pas des routiers pendant qu’on y est ?
« Impossible ! » répond Laure Wagner de Covoiturage.fr « Quand on voit des annonces de routiers, on les enlève. Le service peut exister parce qu’il fonctionne sur le partage des frais et pas le commerce. Et les routiers ne paient pas leur essence ! »
Rien ne sert de surjouer votre joie de rencontrer des gens, vous pourriez être lourd (Photo : Wsdot)
Les plus jeunes peuvent expliquer aux plus âgés comment marche l’iPhone par exemple.
Renseignez-vous sur l’état de la caisse avant de partir (Photo : jcolman)
bqhidden. Quand on voit des annonces de routiers, on les enlève
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