Est-ce qu’il faut une barbe pour être un hacker ?
Non ! Il y a 3 ou 4 générations de hackers. C’est vrai que les premiers qui ont inventé le hacking informatique, ce sont des barbus : Ritchie, Thompson [co-développeurs de Unix, ndlr], Wozniak [Apple], Stallman [pape du logiciel libre] dans les années 1970 ; et après The Mentor dans les années 1980, qui écrit le Manifeste du hacker. Mais autour de 2000, c’est des gens qui ne sont pas barbus : Wikileaks, donc Assange, qui serait la troisième génération, il n’a pas de barbe. Et là, la quatrième, c’est des gens de Telecomix [groupe européen qui s’est fait connaître en France en aidant des activistes égyptiens et syriens à contourner la censure] : KheOps [hacker membre de Telecomix] par exemple. C’est un peu comme dans la Bible : les pères fondateurs sont barbus. Moïse est barbu.
Et les filles ?
De toute façon, les filles peuvent toujours mettre des barbes. Il y a des femmes qui mettent des barbes en ce moment, c’est une forme de hacking féministe.
Le hacking, c’est que dans l’informatique ?
Le hacking, c’est un état d’esprit. Tu peux en faire sans le savoir, et tu peux en faire ailleurs qu’en informatique. Par exemple, chez toi, si tu casses un truc : la façon standard de faire, c’est t’appelles le service après-vente ou tu retournes au magasin acheter un autre appareil. Mais si tu ouvres l’appareil, tu cherches à savoir si des gens ont déjà réussi à réparer, tu prends un autre appareil pour essayer de prendre des pièces et les mettre dans l’appareil cassé, bref, tu te démerdes, eh bien, là, tu es un hacker. Parce que tu es dans un procédé où tu es autonome, tu fais les choses par toi-même, et tu es indépendant d’une chaîne de production à laquelle tu serais soumis sinon.
C’est toujours une histoire de liberté face à la technologie, à la technique, et au commerce. Le hacker est libre : aucune instance n’a vocation à venir lui dire ce qu’il faut faire ou pas, aucune machine ne doit être verrouillée. Par exemple, quand on te vend un fichier mais qu’il inclut un DRM [digital rights management, qui permet de contrôler sur quel support ou combien de fois le contenu numérique est utilisé]. Ben… non ! Il y a des lois ok, on peut les respecter, mais jusqu’à une limite : que cette autorité n’entrave pas la liberté des individus de faire, de créer, d’imaginer.
Qui es-tu Drapher ?Drapher garde ses infos personelles pour lui et ne vous dira ni son âge «ni son tour de taille». On sait simplement que sa première bécane était un Apple II+ avec 48 ko de mémoire vive, qu’il « a découvert les réseaux avec le minitel » et a travaillé pendant 20 ans dans l’informatique d’abord dans le développement puis comme ingénieur réseau.
Aujourd’hui Drapher travaille comme journaliste à Reflets.info et comme pigiste dans d’autres rédactions.
Vous pouvez le suivre sur twitter .%
Les Amap, c’est du hacking agro-alimentaire
Les Amap, c’est du hacking ?
Ah les Amap, évidemment ! C’est un hack de la filière agro-alimentaire, c’est une évidence. Ils n’ont pas été financés par l’Etat, il n’y a pas d’entreprise derrière. C’est vraiment des gens qui ont dit “on en a marre”. On hacke la filière agro-alimentaire, les producteurs, les grossistes, les supermarchés, car les choses ne tournent plus rond : des tomates font 2.000 kilomètres avant d’arriver dans notre assiette. Les Amap, c’est une application du hacking version agro-alimentaire.
C’est quoi la différence entre un hacker et un hacktiviste ?
Il y a activiste sans h, et hacktiviste avec un h et un k. Un activiste, on sait ce que c’est. Un hacktiviste, c’est quelqu’un qui a une action politique et revendicatrice, qui utilise le réseau, et qui a une culture du hacking. Donc il ne suffit pas à un activiste d’utiliser internet pour devenir un hacktiviste. Il faut aussi une culture du hacking. C’est pas indispensable d’avoir des compétences de folie, mais il faut des compétences précises dans certains domaines, et bien connaître la culture hacker. Mais ce que rappelle Kheops, par exemple sur Telecomix, c’est qu’il y a des gens qui ne sont pas obligatoirement très doués, mais qui viennent apporter leurs compétences, de traduction par exemple [pour communiquer avec les activistes syriens]. L’idée, c’est de participer à un mouvement où les hackers mettent en place des choses. Mais le pur hacktiviste est dans les deux niveaux : le politique et le réseau. Politique au sens de recherche du bien commun et dans l’intérêt de la vie de la cité ; les hacktivistes pourront s’attaquer aussi bien à un Etat communiste qu’à une multinationale, ils ne sont pas limités par un dogme politique.
#PSES, c’est le festival des gentils hackers ?
Cette histoire de gentils et de méchants hackers est totalement pipeau : c’est la vieille image des hackers pirates derrière leur écran qui font plein de trucs louches, c’est n’importe quoi ! Ici, à #PSES, il y a avant tout des gens qui pratiquent le hacking d’origine, large et ouvert à plein de choses. On est là pour créer, inventer, modifier, bidouiller. Ça peut être dans l’informatique, dans l’électronique, dans la cuisine !
Ici, tu peux complètement avoir des mecs qui font des trucs craignos, t’en sais rien. Est-ce que tu penses qu’il y a des gentils charpentiers et des méchants charpentiers ? Oui, il y a des charpentiers qui sont prêts à monter des charpentes qui s’écrouleront dans 5 ans. Ça marche pour plein d’autres métiers. La sécurité informatique, c’est 3% du hacking. Le principe du hacking n’est pas là. Les hackers participent beaucoup à l’amélioration du système informatique sur le réseau, par leurs compétences et leur curiosité. Mais sur le principe, que des gens utilisent leurs compétences pour faire des trucs illégaux ou de l’argent, ça existe partout.
Il ne suffit pas à un activiste d’utiliser internet pour devenir un hacktiviste
bqhidden. Cette histoire de gentils et de méchants hackers est totalement pipeau !
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