Allô Djamel ?
Ouiii! Désolé pour tout à l’heure, j’étais vraiment dans le couloir à poils dégoulinant de flotte!
Y’a pas de problèmes. Alors comme ça vous êtes musicien et animateur du collectif « la journée sans immigrés » à Marseille?
Oui. Je m’appelle Djam Deblues, je suis auteur de textes de blues en Français [voir son Myspace]. J’écris aussi des marseillades comme je les appelle. Je ne suis pas le porte-parole du collectif, mais je suis plus l’animateur, le coordinateur. J’ai voulu rester simple militant mais je n’ai pas réussi! (rires). J’ai intégré ce mouvement cet été en mettant des chansons sur Youtube suite aux propos de Brice Hortefeux.
Mais pourquoi vous voulez une « journée sans immigrés » ?
Au départ, je voulais que ce soit comme aux Etats-Unis en 2006, que l’on sente, par notre absence la nécessité de notre présence. Qu’il y ait une incidence économique.
Au départ… ?
Non. Mais à Marseille, de ce point de vue là, on a un peu raté notre but. On ne s’est pas assez rapproché des partis et des associations. Depuis quinze jours, des syndicats, des assos nous ont contactés…
A l’approche des régionales c’est ça?
Eh! Je veux mon neveu! C’est sûr qu’on est dans un contexte où toute occasion de se montrer et de s’engager est bonne à prendre. Mais il y une vraie sincérité. Deux partis, dont je ne dirai pas le nom, m’ont dit qu’ils viendraient sans autocollants ni bannières, mais avec leurs militants.
Vous disiez avoir raté votre but. Pourquoi?
Parce que les personnes qu’on a réussi à toucher, c’est plus les catégories A et B, des classes avec un certain revenu, un certain niveau intellectuel. On n’a pas assez été présents, je le répète, dans les quartiers, pour que vraiment tout Marseille ait envie de fermer le rideau pour le commerçants, prendre un jour de RTT pour ceux qui bossent.
Si justement tout le monde se mettait en grève, comme dans le scénario du dernier Courrier de l’Atlas (n°34), nous n’aurions plus d’éboueurs ni de champions du Monde de foot. Qu’en pensez vous ?
C’est clairement une caricature ! Lorsque cela a fonctionné aux Etats-Unis, c’était principalement la communauté latino qui était concernée. Celle-ci est composée de beaucoup de clandestins et fait donc partie de la plus basse couche sociale. Je pense que le Courrier de l’Atlas s’est référé à cela. Ici, c’est différent.
Et vous n’avez pas peur que le mouvement dérive vers le communautarisme?
Moi si ça part en vrille je me casse! Je me suis déjà heurté avec des amis musulmans. Moi je suis presque un athée primaire et j’ai pu choquer mes amis croyants. Mais si j’exclue toutes les personnes avec qui je ne suis pas d’accord, alors je me retrouve seul comme un con. Même si on n’atteint pas notre objectif, à savoir paralyser l’économie de Marseille, le fait de dire à certains « vous n’êtes pas obligé de tout accepter, de baisser la tête de dire oui à tout » sous prétexte d’intégration, mais au contraire de pouvoir dire « hé! Je suis un être humain comme toi, tu me parles mieux », et bien voilà on aura au moins fait passer ce message-là.
Voir aussi: le Facebook de la Journée sans immigrés à Marseille
StreetPress sera à Marseille lundi, pour couvrir sur place la Journée sans immigrés.
« La journée sans immigrés – 24h sans nous ! », c’est quoi ?
Pour ses organisateurs, c’est l’occasion de signifier que « la considération portée aux immigrés et ceux qui sont issus de l’immigration ne cesse de se dégrader ». L’idée ? Ne pas participer à la vie de la Cité : Lundi 1er mars, « en n’allant pas travailler et en ne consommant pas, nous voulons faire comprendre à nos concitoyens que nous tous contribuons à la grandeur de ce pays ».
Au programme à Paris, rassemblement festif entre 12h et 14h, place de l’Hôtel de ville. Evenements programmés à Reims, Amiens, Strasbourg, Lille, Rennes, Saint-Etienne, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Lyon, Villeneuve-sur-Lot et Nice.
Plus d’infos sur le site de la journée sans immigrés
Source: Edouard Dropsy | StreetPress
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