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    17/04/2012

    Thomas Pawlowski, directeur marketing du site, nous dit tout

    Les dessous d'Adopteunmec.com

    Par Lucile Quillet

    Vous avez sans doute déjà aperçu une de leurs pubs : le site de rencontres Adopteunmec.com est en pleine ascension. Donner tout le pouvoir aux filles, ça marche. Sur StreetPress, l'équipe dit espérer «15 millions de chiffre d'affaires en 2012.»

    Première question Thomas, es-tu célibataire ?

    Thomas Pawlowski : J’étais déjà maqué avant AdopteUnMec. Je suis quand même inscrit mais je chope pas. Adopte, c’est aussi là pour se faire des amis, c’est plus un site communautaire qu’un site de rencontres. Par contre, dans notre équipe, 5 ou 6 se sont maqués grâce au site. Sur 30, c’est pas mal…

    Bon alors, 4 ans après le lancement, il ressemble à quoi le bilan ?

    Thomas Pawlowski : C’est très bon. On a 4,7 millions d’inscrits, dont 20% à Paris. En membres actifs mensuels (qui se sont connectés les 15 derniers jours, ndlr) on tourne à 500/600.000, avec 7.200 nouveaux inscrits. L’âge moyen, c’est 30 ans. Notre grande fierté c’est qu’on a 50 % de filles, 50 % de garçons, tandis que les autres sites c’est plus du 70 % / 30 %. Mais ça, ils vous le diront pas…

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    La génèse

    Manu Conejo lit un jour dans un livre de Jules Renard que “les filles ne doivent pas attendre le prince charmant mais doivent aller le chercher.” Puis à un réveillon, des amies se plaignent des sites de rencontres : pesant, ringard, un côté un peu désespéré. Un peu comme si ta mère te demande pendant un repas de famille pourquoi t’es encore toute seule… Mais là comme à chaque nouvel an, elles attendent que le mec arrive et il arrive pas. Manu Conejo et Florent Steiner créent alors le concept d’AdopteUnMec : rendre le pouvoir de la drague aux filles, sans complexe.

    Fait surprenant, il n’y a aucune pub sur le site. Avec quel business model vous faites tourner la machine ?

    Thomas Pawlowski : On est là pour déconner entre amis, pas pour voir de la pub intrusive. Donc on marche uniquement sur les adhésions payantes des garçons. On peut envoyer quelques charmes (sorte de clin d’œil pour séduire, ndlr) gratuits aux utilisatrices au début mais bon, ça marche pas. Après, faut payer 30 euros par mois pour avoir plus et on peut résilier chaque mois. Au bout de quelques mois, le tarif est dégressif etc… C’est un peu comme un opérateur téléphonique. Par contre, les premiers inscrits ont conservé la gratuité – le site a fonctionné grâce à eux, interdit de les décevoir !

    Et ils sont combien à payer l’addition chaque mois, du coup ?

    TP : Ben faut diviser le chiffre d’affaires par 30… Attends (il sort son smartphone et calcule). En 2010, on faisait 2 millions de chiffre d’affaires, en 2011 : 7,5 millions. L’objectif 2012, c’est 15 millions.

    En moyenne, les mecs restent longtemps sur Adopte ?

    TP : C’est difficile à déterminer, on n’a pas assez de recul pour savoir. Mais ils restent au moins deux mois. Y en a qui sont là depuis 4 ans !

    Avant, vous marchiez essentiellement grâce au bouche-à-oreille. Depuis août 2011, on voit des bannières web, des spots TV, des affiches dans le métro. Pourquoi faire de la pub massive ?

    TP : Attention, on a fait pour moins d’un million de pub, soit vingt fois moins que les autres ! On est une entreprise, il faut challenger et grandir. Le but ultime, c’est l’international…

    Vous avez lancé la version english (adopteaguy) aux États-Unis. Résultat ?

    TP : On s’est planté. On est arrivé là-bas avec un budget ridicule de 20.000 euros de pub , on n’avait ni la méthode, ni les moyens, ni l’assise qu’on a en France. On assume, c’était raté, aujourd’hui on en rigole. Là, on tease en Espagne et en Italie sur le web avec des partenaires, on n’investit rien. Si ça prend pas, on n’y va pas.

    Avec tous ces projets, vous n’avez pas peur de perdre la main et que la qualité du site en prenne un coup…

    TP : On a une trentaine de personnes qui filtrent les profils louches, pour que les filles se sentent en sécurité. Elles peuvent signaler les boulets sur le site. On communique peu au final, mais bien. On marche surtout au buzz. La campagne pub reste bien barrée : les spots TV sur la cote des mecs en bourse, la bannière web sur les roux, la déclaration d’amour à Nadine Morano pour qu’elle s’inscrive sur le site, la une de Direct Matin pour la journée de la femme. On reste bien perché, on ne se prostitue pas.

    Vous avez parlé de boutiques Adopteunmec à Paris et à Bruxelles. C’est du buzz ou du concret ?

    TP : On est dessus, j’en dis pas plus… vous verrez en septembre 2012, ce sera la surprise. Après, on n’a pas intérêt à l’annoncer s’il n’y a finalement rien derrière…

    Combien de couples se forment par an ?

    TP : J’en ai aucune idée. 47 % des gens se désinscrivent une fois qu’ils sont en couple. Je reçois en moyenne une trentaine de témoignages par jour de remerciements pour mariage, bébé etc… il y en a même qui nous veulent comme sponsor pour leur mariage !

    Ça vous fait un gros trou dans le budget, non ? Vous avez plutôt intérêt à ce que tout le monde reste célibataire…

    TP : Nous, on s’en fout que les gens partent parce qu’ils sont en couple. Tant mieux, c’est le but, donc on est content. Et puis plein de gens ne nous connaissaient pas encore il y a peu de temps, à commencer par nos stagiaires, ma mère et ma sœur. On a une image un peu branchée, fun, avec une bonne notoriété donc ça peut grimper de manière colossale.

    La réputation de site “plan cul”, au final, c’est bon pour le business, non ?

    TP : Si les gens veulent se choper juste un soir, grand bien leur fasse. Sur le site, il y en a pour tous. Ceux qui veulent du sérieux ou pas le précisent avec l’option CDD ou CDI/Bisounours.

    Est-ce qu’Adopte se revendique comme un site féministe ?

    TP : Oui mais pas dans le sens “on a des poils sous les bras et on brûle nos soutien-gorge.” Non, c’est la femme qui bosse, qui est carriériste, qui fait la fête avec ses copines et qui peut se taper un mec un soir si elle a envie, sans être jugée. La femme moderne quoi.

    Le féminisme, c’est avant tout l’égalité hommes/femmes. Là, les mecs paient pour aborder des filles comme des princesses : c’est un peu le cliché “gentlemen”…

    TP : Soit on prend Adopte au sérieux et on peut crier au scandale. Mais dans ce cas-là, vous n’avez rien compris. Adopte, c’est des gens qui ne se prennent pas au sérieux mais qui, au fur et à mesure, font des rencontres. On se laisse avoir et ça devient sérieux. On prend à contrepied le cliché de la femme objet. Tout le concept est centré sur les filles et leurs attentes. Quand il y aura une égalité parfaite entre filles et garçons, on aura peut-être moins besoin d’AdopteUnMec, mais là, il y a encore du chemin à faire…

    Le succès des sites de rencontres, ça traduit quand même une peur des jeunes à se prendre des râteaux en live et qui, du coup, se réfugient derrière un écran. C’est pas un peu dommage ?

    TP : Non, au contraire. Avant, il y avait la correspondance par lettre papier, là c’est la même chose mais version 2.0. Si Alfred de Musset et George Sand s’écrivaient des lettres, aujourd’hui ils s’écriraient des mots sur Adopte. Ce qui est triste c’est d’être seul.


    Vous avez sans doute déjà aperçu une de leurs pubs…

    Si Alfred de Musset et George Sand s’écrivaient des lettres, aujourd’hui ils s’écriraient des mots sur Adopte

    Et vous ?

    Si vous avez eu des expériences avec/sur Adopteunmec.com, bonnes ou mauvaises, racontez-nous dans les commentaires !

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