Vidéo A la commémoration
Le 21 Janvier 1793
10h place de la Concorde. Tout ce que Paris compte de pin’s Fleurs de Lys s’est donné rendez vous. Il y a 217 ans, jour pour jour, la tête de Louis XVI tombait. « Tu savais que c’est à cet endroit précis qu’ils l’ont tué ? » me glisse comme un secret un royaliste en tenue noire. Un groupe de vieux bonshommes, tirés à quatre épingles et le visage sombre, dépose un gerbe de fleurs sur ledit endroit. Comme tous les ans depuis des dizaines de 21 janvier.
La France royaliste aujourd’hui ce n’est pas grand-chose. Même si on m’assure que « plus de 10% de la population française » ne serait pas contre le retour d’un roi, ils sont une petite cinquantaine à se recueillir. Entre le brouhaha des sirènes de pompiers et des touristes japonais qui prennent en photo la grande roue : La royauté a perdu de sa superbe. Parmi les endeuillés, beaucoup de 50 ans et plus. Peu de jeunes. Pas de Thierry Ardisson ni de Stéphane Bern.
Le testament de Louis XVI
Le petit groupe forme un cercle, pour écouter un discours émouvant : La dernière lettre de Louis XVI. Il y est question de « solitude », de « fatalité », de « mort », « d’orphelins » et « de trahison ». « C’est abominable ce qu’ont fait les révolutionnaires. Et c’est de ça dont on se réclame aujourd’hui ? » s’énerve révolté un homme moustachu qui a revêtu ses plus beaux vêtements. Il insiste :« Qui a crée l’Assemblée Nationale ? Ces criminels peut-être ? Non c’était Louis XVI, qu’on a assassiné comme un chien ! ». Puis une minute de silence et c’est la prière en latin : Comme du temps des rois. L’émotion est pesante.
Le complot judéo-maçonnique
«Si le Christ ne reviens pas, nôtre avenir c’est l’Internationale Mondialisée ! »
Coté discours ça délire carrément. «Si le Christ ne reviens pas, nôtre avenir c’est l’Internationale Mondialisée ! » slamme dans un mégaphone un homme en soutane dont on taira le nom. Les prêtres ne sont plus autorisés à afficher leurs penchants royalistes : ils risqueraient le renvoi. Alors l’homme d’Église tient à son anonymat. Puis un vieil aristo, aux cheveux blond-platine version Le Pen 1985, s’empare du Mic. Il parle de l’Identité Nationale et s’en prend à « la République, cause du drame de notre nation !» Derrière moi on blâme le complot « judéo-maçonique ». Et le groupe Tokio Hotel.
Entre Sarkozy et De Villiers
Ici on refuse tout amalgame avec l’extrême droite « Nous refusons le jeu républicain. Pour nous extrême droite et extrême gauche c’est la même chose », m’explique un jeune homme en habits de deuil. « Le Pen est un démocrate, on ne peut pas accepter ça ! » renchérit un autre royaliste. N’empêche, à la sortie de la cérémonie religieuse on trouve L’Action Française. En une : « Contre l’avortement: le combat est politique ». Le jeune royaliste en habits de deuil confiera plus tard se situer « entre l’UMP et le MPF de Philippe de Villiers ».
Direction l’Église Saint-Germain l’Auxerrois
Après avoir crié « Vive le Roi », le cortège prend la direction de l’église Saint-Germain l’Auxerrois. La messe est célébrée en latin, avec un prêtre qui tourne le dos aux fidèles. Comme avant Vatican II. Déjà pas très jeune, la moyenne d’âge monte encore. On tourne autour des 64 ans.
Pendant que les fidèles se recueillent, le prêtre part en sucette « Louis XVI et les Haïtiens ont un point commun : ils sont morts innocents ». L’héritier Henri d’Orléans est salué par la foule : « Vive Henri 7 !» Avant de partir en sucette à son tour :« Je vois qu’il y a beaucoup de jeunes !» Mouais. Le seul jeune c’est Charles-Philippe, Duc d’Anjou, qui a participé à « Sortez moi de là, je suis une célébrité » sur TF1. Pour lui « être royaliste en 2010 c’est avoir un compte Facebook, un Iphone et un BlackBerry ». La monarchie au XXIème siècle sera 2.0 ou ne sera pas. Le problème, c’est qu’on doute que la gérontocratie royaliste sache se servir d’une souris.
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