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    05/07/2024

    Luc-Étienne Gousseau tient des propos anti-IVG et homophobe

    En Lozère, le candidat RN est membre d’une communauté catholique intégriste surveillée par les autorités

    Par Daphné Deschamps

    Luc-Étienne Gousseau, candidat RN anti-IVG et homophobe, est membre d’une communauté catholique intégriste surveillée par les autorités et désavouée par le Vatican. Un de ses fils milite dans un groupuscule royaliste.

    Quand il a pris la tête du Rassemblement national (RN) en Lozère à l’automne 2023, Luc-Étienne Gousseau confiait au Midi Libre qu’il espérait conduire une liste RN aux municipales de 2026 à Mende (48), la préfecture du département. Entre-temps, la dissolution est arrivée, et il est sorti deuxième dans l’unique circonscription du département le 30 juin, avec 33,9% des voix pour sa première élection. Une triangulaire l’attend au second tour. Ce militant de longue date, catholique traditionaliste, était notamment à la manœuvre des ersatz locaux de la Manif pour tous, en 2013. Lors d’un des rassemblements, il s’était fendu de plusieurs sorties homophobes, qualifiant le projet de loi de mariage pour tous de « barbarie conduite par des loups en habits de démocrates », et parlant de « lobbies homosexualistes ».

    Dans la famille Gousseau, il y a aussi sa femme Anne-Isabelle. En 2010, le couple explique dans une vidéo d’une vingtaine de minutes leur « mission prioritaire » : transmettre leur foi à leurs enfants. La vidéo est toujours disponible (1) sur la chaîne YouTube de la Famille missionnaire Notre-Dame, et retranscrite sur son site. Six autres contenus avec le candidat Luc-Étienne Gousseau reviennent sur le mariage, « l’amour de la patrie » ou « les racines chrétiennes de la France » – la dernière date de 2023. Cette communauté, dont font partie les Gousseau, est une communauté soupçonnée de dérives sectaires par la Miviludes depuis 2021).pdf. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires explique que des témoignages évoquent « une limitation drastique des contacts entretenus par les membres avec l’extérieur et même avec leur propre famille », « des difficultés d’accès aux soins médicaux », « une manipulation des membres », un « culte de la personnalité », un « harcèlement financier », et de mauvais traitements des employés de la communauté, « très peu rémunérés et mal nourris ». Dans un communiqué publié en août 2021, la Famille missionnaire Notre-Dame se défend en expliquant que la Miviludes n’a « jamais pris contact avec la communauté, ni rencontré aucun de ses membres », ajoutant « les membres de la Famille Missionnaire de Notre Dame tiennent à redire qu’ils sont libres, heureux et sereins ».

    Le Vatican a depuis mis la communauté sous une forme de tutelle et critiquait en 2019 « des difficultés préoccupantes concernant principalement l’exercice de l’autorité et l’obéissance […] et l’auto-référentialité du groupe ». Opposée au mariage pour tous, mais aussi à l’avortement et à la contraception, elle est également au cœur d’un projet écocidaire et démesuré en Ardèche, comme le racontait Politis. Son responsable, le père Bernard, de son vrai nom Gérard Pinède, est poursuivi pour abus de faiblesse. Son procès se tient ces 4 et 5 juillet 2024 – il est pour l’instant présumé innocent. Le père Bernard est notamment défendu par Jérôme Triomphe, avocat d’une grande partie de la mouvance catholique intégriste et traditionaliste, qui a plaidé pour les militants de la Manif pour tous ou les intégristes de Civitas, dissous en octobre 2023 pour ses appels répétés à la haine et les propos antisémites de ses dirigeants.

    À LIRE AUSSI : L’organisation catho intégriste Civitas continue ses activités malgré la dissolution

    Une affaire de famille

    Ces valeurs radicales, le couple Gousseau semble les avoir bien transmises à ses sept enfants. Dans un de leurs textes pour la Famille missionnaire Notre-Dame, ils se targuent du militantisme de leurs enfants contre l’IVG au sein de la Marche pour la vie, l’organisation derrière la manifestation annuelle anti-avortement où StreetPress s’est rendue en janvier dernier, ou de leur implication dans des pèlerinages collectifs dont certains sont critiqués pour leur intégrisme… « Les parents sont bel et bien des pèlerins missionnaires », insiste le couple.

    Pour au moins un de leurs sept enfants, le militantisme dépasse la simple manifestation réactionnaire. Guilhem, aujourd’hui installé à Béziers (34), est l’ancien leader et porte-parole de la section montpelliéraine de l’Action française, organisation royaliste et antisémite présente sur tout le territoire français. Sur Instagram, il a longtemps fait la promotion des différents journaux et magazines de l’organisation. Il était aussi derrière « l’apéros Canto » à Montpellier (34) : cette application créée par un ancien du Gud et « qui fait chanter les fachos » – entre chants militaires, hymnes franquistes et airs du 3e Reich. Le fils Gousseau est le référent local. Selon Libé, ces « apéros canto » sont surtout l’occasion de moments de socialisation entre militants de groupuscules d’extrême droite radicale.

    (1) La vidéo était toujours disponible lors de la publication de cet article.

    Luc-Étienne Gousseau n’a pas donné suite à nos sollicitations.

    Illustration de Une de Nayely Rémusat.

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