En ce moment

    20/10/2016

    « Les Pyrénées ne veulent pas des envahisseurs islamistes »

    A Lourdes, le FN divulgue l’adresse d’appartements occupés par des réfugiés

    Par Tomas Statius

    Sur Facebook, la section Front National des Hautes-Pyrénées diffuse l’adresse des réfugiés hébergés à Lourdes. Les sympathisants locaux ont trouvé une utilité à ces infos : « Flinguer ces fils de putes ».

    « Les Pyrénées ne veulent pas des envahisseurs islamistes, on fera tout pour les virer », « Flinguer ces fils de putes », « Tous des bêtes sauvages, ils me dégoutent, des ordures sur le sol français. » Sur la page Facebook du FN 65, c’est la foire au commentaire le plus haineux.

    La raison de ce déferlement ? Un post du 17 octobre intitulé « SCANDALEUX CAMOUFLAGE DES AUTORITÉS SUR LES 250 MIGRANTS-CLANDESTINS DE LOURDES ! (sic) » dans lequel le FN des Hautes-Pyrénées dévoile l’adresse des appartements occupés par des demandeurs d’asile dans la petite commune. Un petit texte accompagne la publication, ainsi qu’un document
    présenté comme une note interne de la police locale. Extraits :

    « Qui sait qu’il y a aujourd’hui 250 “migrants”, logés, nourris et soignés gratuitement, et même payés aux frais du contribuable dans Lourdes ? (…) On ne peut qu’être révoltés devant cette injustice et cette préférence étrangère. »

    On peut également y lire le numéro de la directrice du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA). Sur le réseau social, le parti politique affirme également que « des consignes ont été données aux agents de police pour qu’ils ne fassent rien d’autre que des “mains courantes”, en cas de problèmes même graves (avec les demandeurs d’asile, ndlr)»

    Le FN enfume tout le monde

    « Quand on installe des immigrés chez nous, la population est en droit de le savoir », s’insurge Olivier Monteil, conseiller régional FN, quand on lui passe un coup de fil :

    « Ce sont des logements sociaux qui sont payés par nos impôts, qui sont normalement destinés à des travailleurs français dans la détresse et on les a réquisitionnés pour les donner à des migrants. C’est une injustice et une discrimination. »

    Sauf que selon un article de la Dépêche du Midi , le FN a faux sur toute la ligne. 108 demandeurs d’asile sont logés à Lourdes et pas 250 comme l’affirme Olivier Monteil. Quant à la consigne donnée aux policier de ne jamais intervenir dans ces appartements, la préf’ la juge farfelues, toujours selon La Dépêche du Midi. Monsieur Monteil, lui, n’en démord pas :

    « J’ai obtenu ces informations de source policière. »

    FTDA porte plainte

    Sur Facebook, les sympathisants FN ont déjà trouvé une utilité aux informations divulguées par Olivier Monteil :

    fn-tarbes.jpg

    tarbes-2.jpg

    « Je ne mets en danger personne, je donne une information qui devrait être publique », se justifie ce dernier. Et quand on lui demande s’il ne met pas de l’huile sur le feu, l’élu FN fait l’autruche :

    « C’est le gouvernement qui devrait avoir peur des conséquences de ce qu’il fait. Les Français, ils paient leur impôt, ils touchent une petite retraite, ils triment toute leur vie, ils élèvent leurs enfants, ils ont le droit d’avoir des comptes de leur autorité. »

    Contacté par StreetPress, le service presse de France Terre d’Asile refuse de commenter l’affaire. Il confirme que l’asso a déposé plainte pour « atteinte à la vie privée et divulgation d’informations pouvant mettre en danger nos résidents ». Sur Facebook, le FN a fait du ménage. Plus de traces des commentaires haineux en dessous de la publication.

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER