C’est sans doute une première pour un rappeur. Seth Gueko vient de faire son entrée dans le fameux guide du Routard. En 2014, il a ouvert son propre bar à Phuket, une île au sud de la Thaïlande. Au menu : du son hip-hop, de l’alcool et des filles sur des podiums. Une recette qui cartonne auprès des expats et des touristes français. StreetPress a passé un coup de fil au professeur punchline, avant un concert à Colmar.
(img) Le guide du routard
Comment tu as appris que ton bar était dans le guide du Routard ?
On m’a envoyé une capture de l’article. Moi je ne savais même pas que c’était le Routard ! J’ai fait une blague en le postant sur Facebook : “le guide du biroutard”. Genre je suis le guide de la biroute, si tu as envie de jouer avec ta bite je peux t’aiguiller sur deux trois adresses. Après on m’a dit que c’était une vraie page du Routard.
Tu penses que ça va ramener un nouveau public au Seth Gueko Bar ?
Non je ne crois pas, les gens savent que c’est un bar hip-hop où il y a des filles qui dansent. Ça restera la clientèle de la Thaïlande : quelqu’un qui a envie de boire de l’alcool, écouter de la bonne musique et parler avec un artiste français.
Qui vient dans ton bar ?
Les mêmes personnes qui viennent dans mes concerts. Il y a beaucoup de fans de province qui viennent pour passer du temps avec moi. Ils ont plus qu’une photo après un concert. Ils sont en Thaïlande un mois en vacances, ils peuvent me voir tous les soirs. Ça démystifie le Gueko.
Tu es souvent présent ?
Tous les soirs. Y’a 70 tabourets donc c’est facile de faire le tour.
Pourquoi tu as décidé d’ouvrir ce bar ?
À la base, quand j’allais en Thaïlande, il y avait des discothèques ouvertes toute la semaine, donc c’était la fête tous les soirs. À partir de 20h, tu n’as qu’une envie, c’est prendre ta douche et sortir. Chaque pays a son bar : un pour les Australiens, un pour les Italiens, celui des Français. J’ai rencontré des patrons français et je me suis rendu compte de la force de frappe que ça avait quand j’allais chez eux comme client. Je leur faisais gagner du fric à mort, ça ramenait plein de clients. À un moment donné je me suis dit, au lieu de dépenser des thunes, il est temps de faire un retour sur investissement.
Ça te rapporte beaucoup alors ?
C’est un business juteux…
Gradur, Mokobe, Lacrim, Rim'K... Tout le gratin du game est passé dans son bar. / Crédits : CC.
Ton bar est devenu un passage obligé pour les rappeurs français.
Ouais, ceux avec qui j’ai des affinités ils passent. Les autres, ils ne viennent pas. En France il y a toujours ce truc : “ah ça va faire suceur si j’y vais et que je le connais pas”. Donc ce sont mes amis qui passent.
Tu étais un peu précurseur sur la Thaïlande. Avec du recul, tu penses quoi de cette mode ?
C’est planète rap maintenant ! (rires) Tant que les gens disent : “C’est Seth Gueko qui était le premier”, je m’en fous, la porte est ouverte. Tout le monde peut venir s’éclater. Ça fait du bruit pour le bar.
Pourquoi il vaut mieux aller dans ton bar que dans un autre ?
C’est le seul bar qui joue du vrai hip-hop, tu ne pourras pas trouver de la meilleure musique. La Thaïlande, ça reste kitch, il y a des décorations en carton-pâte un peu partout. Nous on a fait un truc propre, contemporain. Les gens sont à l’aise. Et puis il y a l’artiste ! Personne ne fait ça. Sauf si un autre rappeur français lançait aussi son bar. Et là, je sortirai les crocs.
Il paraît que tu comptes même ouvrir un hôtel et un fast food.
J’y pense, mais ça ne rapporte pas beaucoup d’argent. L’alcool et les filles, c’est ça qui rapporte de l’argent dans tous les pays du monde. Un hôtel c’est bien sur la haute saison, mais sur la basse ça peut être plus dur. Le projet, ça pourrait être une chaîne pour mettre à l’aise le client. Je le loge, je le transporte en moto, il mange chez moi, il vient dans mon bar. J’ai plein de trucs en tête, peut-être un tatoo shop, une boutique de sport avec des protéines pour les body-builders.
Le film Pattaya est dans les salles, tu l’as vu ?
Oui, je joue dedans ! J’ai aussi fait un son pour la BO.
Dès qu’on parle Thaïlande, tu es là.
Oui, maintenant dès qu’un truc se passe en Thaïlande et que ça gravite autour du rap, on ne peut pas faire sans moi. Je suis l’ambassadeur, je travaille à l’orifice du tourisme.
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