C’est une nouvelle fuite pour Egalité & Réconciliation. A la suite de la parution de notre livre Le système Soral, enquête sur un facho business (ed. Calmann-Lévy), StreetPress a eu accès à de nouveaux documents internes à l’association d’Alain Soral .
En septembre dernier, nous mettions en ligne une première série de notes qui déshabillaient le système Soral. Dans les mois qui ont suivi, StreetPress a pu consulter d’autres #SoralLeaks, dont nous publions aujourd’hui des extraits.
Compte-rendu de réunions, listings d’adhérents ou tutoriels militants : ils détaillent le quotidien d’Egalité & Réconciliation sur la toile comme sur le terrain. StreetPress démonte les rouages d’une machine de propagande bien rodée, devenue principale formation à la droite du Front National.
1 Plus de 4.000 adhésions en 2015
4.231. C’est le nombre de personnes qui ont adhéré à Egalité & Réconciliation au cours de l’année 2014/2015 via Internet. Un document que StreetPress a consulté recense les souscriptions enregistrées sur le site web de l’association, entre le 1er mai 2014 et le 5 mai 2015. A noter qu’on retrouve dans ce listing le pseudonyme utilisé par notre journaliste Mathieu Molard lors de son adhésion en février 2015. Un alias connu de lui seul et qui authentifie le fichier.
Ce chiffre de 4.231 adhérents ne prend pas en compte les inscriptions par chèque, voie postale ou réalisées de main à main pendant les conférences. Il est donc légèrement sous-évalué. Comparé aux 8.000 membres revendiqués d’un parti institutionnel comme Europe-Ecologie, il peut sembler important. Mais il est très loin du chiffre de 12.000 adhérents, régulièrement avancé dans les médias.
Il témoigne aussi des difficultés de l’association pour conquérir un nouveau public. En effet, ils étaient déjà 4.235 membres en 2013, d’après un compte-rendu d’assemblée générale que StreetPress met en ligne ici. Et si quelques noms de personnalités de l’extrême droite figurent dans la liste des premiers adhérents que nous avons consultée, comme celui de David Rachline, le sénateur-maire Front National de Fréjus, tous ont aujourd’hui déserté l’association.
Alain Soral tracte avec David Rachline et Marine Le Pen lors des municipales 2008 /
2 Le trésor de guerre d’Egalité & Réconciliation
Les adhésions restent néanmoins une source de revenus importante pour Egalité & Réconciliation. Toujours d’après le même document, elles ont rapporté au moins 137.736 euros à l’association du 1er mai 2014 au 5 mai 2015, le ticket d’entrée oscillant entre 20 et 50 euros. A ce chiffre d’affaire, il faut ajouter 15.946 euros de dons. Quant aux revenus des vidéos payantes sur Dailymotion, ils ont rapporté 15.538 euros en août 2014 et 12.256 euros sur les 5 premiers jours de septembre de la même année, indique Stéphane Condillac, le monsieur web d’E&R. En effet depuis juillet 2014, Alain Soral fait payer entre 2 et 3 euros le visionnage de ses grands entretiens mensuels.
Cet argent sert en partie à payer les auto-entrepreneurs qui alimentent le site d’Egalité & Réconciliation. Plusieurs documents détaillent les tarifs pratiqués : 5 centimes par commentaire modéré, 250 euros par revue de presse mensuelle ou encore 2,5 euros pour 1.500 signes édités. De quoi attirer des dizaines de « dissidents » en quête d’un petit job d’appoint.
Coté business, les nouveaux documents auxquels nous avons eu accès confortent nos estimations du chiffre d’affaire de Culture pour tous. Cette holding présidée par Soral exploite des marques dans le secteur de l’édition, du bio et du survivalisme. Un relevé bancaire de ses comptes, que nous avons consulté, montre qu’elle a généré 163.034 euros, rien qu’au mois de mars 2015. C’est peu ou prou la même somme qu’au mois d’octobre 2014, comme indiquée dans la première salve de nos #SoralLeaks.
3 Le soutien de proches de Marine Le Pen
Depuis le livre Le système Soral, on savait que Philippe Péninque, un des hommes d’affaires qui conseillent Marine Le Pen, s’était porté caution pour l’un des appartements d’Alain Soral. On apprend aujourd’hui qu’une société de son associé Frédéric Chatillon, également intime du clan Le Pen, organise les déplacements du staff d’Egalité & Réconciliation. Et Soral se fait plaisir. Quand il se rend à Lyon le 26 mai 2014 pour donner une conférence intitulée « Les Juifs et les autres », il insiste pour passer la nuit dans un 5 étoiles, « soit le Royal, soit la Cour des loges ». Si son garde du corps se contente de la chambre standard, lui demande la taille au-dessus. Soral passera la nuit dans une suite de 40m2, avec vue sur la place Bellecour, chambre et salon séparés et même… 2 téléviseurs LCD ! Pas mal pour l’autoproclamé dissident « antisystème ».
La suite du Royal, OKLM /
C’est la société Dreamwell qui a payé la note de 459 euros, comme l’attestent les vouchers émis par l’hôtel. Il faut y ajouter deux billets de train aller/retour en 1ère classe entre Lyon et Paris pour près de 600 euros. Soral précise à son équipe qu’il s’agit de l’agence avec qu’ils travailleront désormais pour « TOUS [leurs] déplacements ».
Dreamwell est au cœur de « la Gud connection », du nom de ce groupuscule nationaliste qui faisait le coup de poing sur les campus dans les années 1990 et dont les ex-membres s’occupent aujourd’hui des finances du Front National. Cette SAS est en effet détenue à 55% par la société Riwal, présidée par Frédéric Chatillon, ancien boss du Gud et principal prestataire du FN pour sa communication. Quant à Olivier Duguet, gérant-fondateur de Dreamwell qui a rendu ses parts en 2014 et également « gudard », il a été trésorier du micro-parti lepéniste Jeanne de 2010 à 2012, comme le révélait Mediapart . Depuis janvier 2015, ces deux proches de Marine Le Pen sont mis en examen pour financement illégal de parti politique dans l’affaire des kits de campagnes du FN.
Jointe par StreetPress, Dreamwell confirme avoir organisé un déplacement pour Egalité & Réconciliation, sans pouvoir le dater, mais dément être un prestataire régulier du militant d’extrême droite.
4 De l’entrisme au Front National
Outre l’entremise de Péninque et Chatillon, Egalité & Réconciliation entretient d’autres liens avec le Front National. Il faisait partie des étoiles montantes du parti mais son implication dans l’affaire Air Cocaïne l’a poussé à la démission en novembre 2015 : le député européen Aymeric Chauprade était jusqu’à peu le conseiller géopolitique de Marine Le Pen. D’après des échanges que nous avons consultés, son staff était en contact avec E&R. Le 21 mai 2014, Lise Caillaud, son assistante parlementaire, écrit à l’équipe de Soral :
« Comme vous le savez, le scrutin des européennes, c’est ce dimanche. Pourriez-vous partager cette vidéo d’Aymeric Chauprade, candidat FN en Île-de-France, appelant à la mobilisation de tous les patriotes ? »
Un mois plus tôt, David Gendreau, le spécialiste d’E&R de la crise grecque, se réjouissait d’avoir eu l’accord d’Aymeric Chaupradre pour une interview vidéo.
Ces éléments font échos aux déclarations d’Alain Soral de septembre 2014. Dans une vidéo, il affirmait qu’Aymeric Chauprade avait « organisé un dîner pour le rencontrer » et demandé à E&R de « tracter » pour lui lors des Européennes de 2014. Avant qu’il n’accuse Aymeric Chauprade d’avoir « trahi » les intérêts soraliens en affichant son soutien à Israël une fois élu. Les deux hommes iront devant les tribunaux après que Soral ait insulté Chauprade.
Joint par StreetPress, Aymeric Chauprade confirme bien avoir dîné avec Alain Soral, accompagné ce jour-là de Frédéric Chatillon et 2 ou 3 autres personnes. Mais il dément avoir sollicité l’aide de « cet antisémite ». « J’avais l’impression d’être auditionné, comme pour voir si ma ligne [politique] était compatible », rembobine l’élu, qui s’empresse d’ajouter :
« L’influence d’Alain Soral sur une partie du Front National a été l’une des raisons de fond qui m’ont poussé à quitter ce mouvement. »
Quant aux échanges entre son équipe de campagne et la direction d’E&R, ils relèveraient de « l’initiative personnelle de [son] ancienne assistante parlementaire », qu’il a renvoyée depuis. A propos des contacts pris dans le but de réaliser un entretien vidéo, Chauprade explique avoir « évidement décliné après [s]‘être renseigné sur Alain Soral. »
Les contacts existent aussi au niveau des cadres locaux du Front National. A l’hiver 2014, Brune Ciron, 24e sur la liste de Marion Maréchal Le Pen aux dernières régionales et à l’époque colistière de Marie-Christine Arnautu candidate à la mairie de Nice, fait savoir à l’équipe d’E&R qu’elle souhaite voir son nom supprimé du registre des membres de l’association. « Elle ne nous quitte pas, elle cherche à protéger sa candidate », plaide en sa faveur un responsable de la section PACA. « Brune est une camarade fidèle, elle est en position éligible. Il sera de tout bénéfice pour nous d’avoir une élue au conseil municipal de Nice. » Sollicitée par StreetPress, Brune Ciron n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
Egalité & Réconciliation pratique l’entrisme au sein du FN. En janvier 2014, Stéphane Perez, un adhérent de l’association, est sollicité par le Front National pour être candidat à la mairie de la petite ville de Bagnols-sur-Ceze (Gard), 20.000 habitants. Il contacte illico les responsables de l’association et appelle les membres d’E&R du coin à le rejoindre sur sa liste. Joint par StreetPress, ce dernier explique :
« Je me suis servi du Front National pour être élu et ensuite mettre en application la ligne Soral dans mon travail à la mairie. »
Stéphane Perez obtiendra 25,72% des voix aux élections de 2014 et siège désormais au conseil municipal. Il assure avoir prévenu le FN par écrit de son engagement au sein d’E&R au moment de sa candidature. Il a depuis quitté le parti de Marine Le Pen, dénonçant « un virage anti-islam » et des magouilles d’appareil.
Mais il n’y a pas qu’au FN que l’on trouve des adeptes d’Egalité & Réconciliation. A Saint-Priest (Rhône), 43.000 habitants, c’est un conseiller municipal du Parti Communiste qui offre son écharpe d’élu à Alain Soral, après avoir organisé dans la MJC de la ville la venue de Farida Belghoul, la passionaria des anti-« théorie du genre ». « Ils souhaitent ne pas s’afficher publiquement avec E&R afin de conserver leurs contacts associatifs mais ils comptent sur notre présence aussi nombreuse que possible », écrit le responsable lyonnais d’E&R en charge de la logistique de cette de conférence qui a lieu en décembre 2013.
5 E&R tente d’investir le milieu associatif
Parmi les documents auxquels StreetPress a eu accès, des notes internes rendent compte de l’activité des sections locales d’Egalité & Réconciliation entre 2013 et 2015. Si l’association se veut un club de réflexion politique, elle tient tout autant de la communauté autogérée. Potager partagé, soirée plancha, café littéraire, formation cueillette, sorties randonnées, initiation à la plomberie… on fait de tout chez E&R ! A Lyon, « des séances mensuelles centrées sur le thème du couple et de la famille débouchant sur des productions concrètes (sic) » sont ainsi proposées aux adhérents. Dans cette antenne – parmi les plus actives du pays – l’association se targue même d’avoir son propre « service médical ». « Notre toubib peut délivrer conseils ou effectuer des consultations (avec ordonnances ou pas selon les besoins) », écrit le responsable local dans son compte-rendu de la réunion du 26 septembre 2014 . Quant à la section de Nice, elle a mis au point un label « Goy Friendly » censé recenser les commerces amis dans la région.
Ces activités tous azimuts répondent à une stratégie. Un document destiné à la formation des militants explique que l’objectif d’E&R est de « devenir une forme d’entité avec des ramifications dans la société civile ». Au chapitre « Entrisme et métapolitique », on peut lire :
« Il est fortement encouragé d’intégrer des structures associatives, syndicales, sportives, communautaires et d’y véhiculer les messages du mouvement »
Ainsi, Egalité & Réconciliation tente au début de l’année 2015 une OPA sur l’APAG, une association médicale qui promeut les théories « non-conventionnelle » du docteur André Gernez sur le cancer. Héloïse de Castelnau, le conseil juridique officieux d’E&R, intègre le conseil d’administration de l’association, d’après un de leurs documents . Autre exemple à Strasbourg où les soraliens peuvent compter sur le soutien des écolos de Brin de paille. Le président de cette association Christophe Köppel était aussi membre d’Egalité & Réconciliation. S’il n’a pas renouvelé son adhésion en 2015, c’est qu’il était difficile pour lui d’assumer publiquement les saillies de Soral. Mais il confirme à StreetPress toujours partager ses idées (1). Spécialisé dans la permaculture, son équipe gère un jardin-forêt de 8.000m2 et s’est même attiré les bonnes grâces de la presse qui lui a consacré des articles flatteurs. Joint par StreetPress, Köppel estime entre « 20 et 30% » le nombre d’adhérents ou de sympathisants d’E&R membres de son assoc’.
6 Des cours de boxe et de l’agit-prop
Parmi les activités qui reviennent régulièrement au sein des sections, le goût des pratiques dites *« d’auto-défense ». E&R Rhône-Alpes organise les samedi matin des cours de Yoseikan Budo et de Free Fight System. Dans le Languedoc, le groupuscule néo-fasciste le Mouvement d’Action Sociale propose à E&R de s’incruster à ses cours de boxe hebdomadaire. Tandis qu’à Paris, Alain Soral himself se charge de donner ses conseils en savate dans une petite salle de l’Est parisien, comme nous le racontions dans notre enquête Le système Soral.
Les soraliens s’intéressent aussi aux armes à feu. A Aix-en-Provence , un militant regrette que toutes les salles de tir alentours soient remplies « à tel point qu’il faut faire la queue ». En attendant, il invite 3 de ses camarades dans son club pour « une session découverte », pendant qu’un autre effectue des démarches pour obtenir un permis de chasse. A noter qu’au début des années 2010, le président de l’association sportive de Tir Régional de Saint-Denis était adhérent d’Egalité & Réconciliation. En décembre dernier, nous évoquions « l’arsenal impressionnant » découvert chez un cadre d’E&R.
Mais au sein des sections, le gros des actions militantes concerne les activités de « ré-information ». Les adhérents font de la veille d’actu et sont formés au montage vidéo lors d’ateliers d’une demi-journée. « Tout le monde doit se transformer en journaliste et rajouter de l’humour pour avoir des vues », écrit le responsable de la section Marseille dans son compte-rendu du 25 octobre 2013. Pour la saison 2014/2015, la section vidéo de l’antenne Rhône-Alpes se compose de 3 monteurs, un ingé son et un présentateur. « Nous disposons donc maintenant du personnel et du matériel suffisant pour développer une activité de qualité », se félicite l’auteur d’une note consacrée au sujet. Les responsables du mouvement n’hésitent pas à qualifier leurs productions de « propagande ».
Egalité & Réconciliation ne délaisse pas pour autant les actions dans la rue, même si elles sont épisodiques. Fin 2013 à Lille, les adhérents préparent une opération pour remplacer des plaques de rues. Sous la rue Pompidou doit être ajouté :
« Chien de la CIA et destructeur de Nations. »
Pour Léon Blum :
« Pétainiste sionard, organisateur de la défaite de 1939. »
En février 2014, la section Marseille préparait le collage de 4.000 affichettes siglées Egalité & Réconciliation. Avant d’envisager une action à Vitrolles lors d’une exposition consacrée à Anne Frank.
Les militants peuvent compter sur « un mode d’emploi du militant E&R lors d’une action publique », que StreetPress met en ligne ici , en cas d’interpellation.
7 Des sections du Nord au Sud de la France
Egalité & Réconciliation a l’ambition de créer une organisation hiérarchisée et présente sur le tout le territoire. L’association a compté des sections jusque dans 29 villes et dans 27 départements. Mais le succès est inégal. Si celle de Lyon réuni 45 adhérents dans son local lors de sa réunion mensuelle du 26 septembre 2014, celle de la Picardie peine à regrouper chaque mois plus de 8 personnes. Lors de l’Assemblée Générale de 2014 , le responsable amiénois se fend d’un commentaire laconique :
« Nos réunions-rencontres autour d’un repas finissent par tourner en rond et sont improductives. »
Au sein des sections, la discipline se veut militaire, avec le jargon qui va avec. « Il n’y a rien de plus contre-productif que donner l’image d’une association anarcho-bordelique », est-il écrit dans le « Guide du militant E&R », que StreetPress met en ligne ici . Les « antennes locales » sont « sous l’autorité » des « bureaux régionaux » qui eux-mêmes doivent demander « validation au niveau national ». Alain Soral trône tout en haut de la pyramide. « Vous n’avez rien à mettre en ligne sur le site national sans que je l’ai vu avant, c’est la procédure », écrit ce dernier à ses lieutenants en mai 2014, à la suite de la publication d’une photo de lui qu’il juge peu flatteuse.
« Pourquoi vous m’avez mis cette sale gueule sur l’affiche ?! Vous travaillez pour le Crif ou quoi ? »
Paranoïa toujours. Un document intitulé « Protocole de recrutement en section des nouveaux militants d’Egalité & Réconciliation » demande aux chefs locaux d’écarter « instables, fainéants et autres grandes gueules ». Il leur est surtout imposé d’effectuer « des recherches préventives » sur les postulants, avant de leur demander « un courriel explicatif » ainsi que leurs papiers d’identité. « Le risque zéro n’existant pas, un infiltré potentiel pourra toujours passer entre les mailles du filet », concède le rédacteur du protocole.
Quant aux membres de l’association, ils ont interdiction « de s’afficher publiquement comme membre d’E&R », « d’avoir un Facebook militant » ou « d’enregistrer les noms [de famille] de leurs contacts internet ». Et bien sûr, ils doivent « toujours faire preuve de politesse et de cordialité dans [leurs] échanges avec [Alain Soral] ».
8 E&R se cache derrière des prête-noms
Egalité & Réconciliation avance masquée afin de mieux s’infiltrer. StreetPress met en ligne ici un tutoriel à l’usage des responsables de section. Il leur est demandé de déposer en préfecture des « associations-écrans » afin de ne pas éveiller les soupçons des propriétaires de salles et des services municipaux. Le Cercle Drômois, déclaré à la sous-préfecture de Die en 2014, est par exemple un des faux-nez d’E&R dans la région Rhône-Alpes. Tout comme Les serviteurs de Saint-Michel à Lyon. Le rédacteur de la notice donne ses recommandations :
« Évitez les noms trop évocateurs du type “Cercle Charles Maurras”, “Résistance Nationale” ou “Palestine éternelle”. Préférez des noms plus passe-partout comme “Lire et écrire” ou “Le Fil d’Ariane” sans négliger les jeux de mots gauchistes un peu lourds du type “Mix-Cités” ou “100 papiers”. »
Monter des associations permet aussi aux responsables de section de disposer d’un compte en banque propre. Ils sont incités à multiplier des initiatives pour « lever des fonds de manière moins exposée » comme « des Amap », « une buvette pour la fête de la musique » ou « vendre du muguet pour le 1er mai ». A Lyon, les bénéfices des associations-écrans, ainsi que l’aide du bureau national, permettent à la section de louer un local 1.750 euros par trimestre. Dans un compte-rendu de réunion, le responsable de la section marseillaise est envieux du butin lyonnais qu’il évalue à 10.000 euros.
9 Des contacts qui font souvent plouf avec l’étranger
Les nombreux documents consultés par StreetPress nous apprennent qu’Egalité & Réconciliation a tenté de nouer des contacts à l’étranger. Première cible : l’ambassade du Venezuela, à qui les soraliens envoient une lettre fin 2010, que nous mettons en ligne ici . En février 2011, c’est un attaché de l’ambassade à Paris qui écrit un email à Nicolas Ngo-Doan-Ta, cadre de la section Aix-en-Provence d’E&R et administrateur du site HugoChavez.fr :
« Si vous êtes disponibles, je souhaiterais vous rencontrer, échanger avec vous. Quoi qu’il en soit, félicitations pour votre site ! »
Quand E&R draguait l'ambassade du Venezuela à Paris /
Quelques jours plus tard, Egalité & Réconciliation préparera un dossier de présentation pour l’ambassade du Venezuela. Mais l’aventure tournera en eau-de-boudin. « L’émissaire vénézuélien étant aussi en contact avec le Parti de Gauche », se souvient un membre du premier cercle, contacté par StreetPress. Egalité & Réconciliation nouera également des relations avec l’ambassade Iran. Toujours sans résultats.
Par ailleurs, Alain Soral est invité en Russie par l’ONG pro-Poutine Civic Control à rejoindre le contingent des observateurs internationaux, à l’occasion des élections présidentielles de 2012. Quelques jours plus tard, on le voit qui parade sur la chaîne de TV Russia Today qui lui accorde 10 minutes d’interview. Un an plus tôt, il s’était déjà rendu en Syrie, cette fois à l’invitation d’une ONG dépendant du gouvernement Assad, comme le montre un document mis en ligne par Wikileaks .
10 Les archives d’Emmanuel Ratier dans le viseur
Enfin Egalité & Réconciliation aurait été désigné par Emmanuel Ratier comme héritier. « Il cherche des personnes sérieuses qu’il formerait pour prolonger son travail (…) et déduit que nous sommes les plus aptes », écrit un cadre lyonnais fin 2013. Décédé à l’été 2015, Emmanuel Ratier était considéré comme l’archiviste de l’extrême droite. Disciple du collaborateur Henry Coston, il cherchait depuis 1992 à démasquer les personnalités juives cachées derrière des patronymes insoupçonnables dans sa lettre confidentielle Faits et documents. C’est à lui que l’on doit aussi l’article sur StreetPress publié par E&R en avril 2015, où il explique que l’employeur des deux journalistes qui ont rédigé cet article est… juif !
A partir du mois de novembre 2014, Ratier a demandé aux soraliens de l’aider à archiver ses documents, écrit un cadre francilien d’Egalité et Réconciliation. Son fond d’archives secrètes est aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises.
StreetPress toujours en librairie avec son premier livre Le système Soral, enquête sur un facho business (ed. Calmann-Lévy, 17 euros, 188 p.) de Robin d’Angelo et Mathieu Molard. A commander ici.
Relisez nos articles consacrés à Alain Soral et son organisation politique.
(1) Edit: Le 19 janvier.
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