Paris, La Chapelle (18e) – « Vers 22h, des cars de CRS passaient dans tous les sens. Avec mes potes, on a eu très peur », rembobine Mohammed (1). Sans papier et sans boulot depuis 5 mois, ce jeune marocain vit sous le métro aérien, dans ce qu’il reste du camp de La Chapelle, évacué en juin. Le soir des attentats, pour comprendre ce qu’il se passe, Mohammed traverse la rue et se poste devant le bar d’en face. C’est là, à travers la vitrine, qu’il découvre horrifié les images de l’attentat. Son pote Amir (1) a eu l’info par sa famille restée en Tunisie. Ce jeune sans papier tunisien de 24 ans dort depuis 2 mois à la Chapelle :
« Mes parents m’ont prévenu. Ils ont vu les infos sur Al Jazeera. Ils m’ont appelé pour avoir de mes nouvelles »
L’info ne tourne pas partout
Si les quelques habitants du camp sont plutôt informés, quand on arpente les rues du quartier, on se rend rapidement compte que l’info n’a pas franchement tourné. 50 mètres plus loin, 2 jeunes Erythréens squattent devant le square Louise-de-Marillac, fermé suite aux attentats. Quand on évoque la tuerie, ils font les gros yeux. Ni l’un, ni l’autre n’ont entendu ce qui s’est passé à Paris ce vendredi 13 novembre.
Aujourd'hui, le parc est fermé / Crédits : Tomas Statius
A 2 pas, accroupi au milieu des badauds, on rencontre Amar (1). Deux jours seulement que ce jeune soudanais a rejoint Paris. Les attentats, il n’en a vu que des bribes. Cette histoire semble loin de sa réalité : accroché à son smartphone, il s’efforce d’avoir des nouvelles de ses proches. « Ici, j’ai du WiFi gratuit. Mes amis sont partis hier à Calais, j’aimerais avoir de leurs nouvelles », raconte-t-il.
La peur
Dans le camp de La Chapelle, l’angoisse s’est installée. « On n’est pas à l’abri ici. T’imagines, les terroristes ils peuvent venir et nous tirer dessus. On est dans la rue. C’est pour ça qu’on a peur », témoigne Mohammed. A ses côtés, Yussuf (1) un réfugié soudanais débarqué il y a à peine 2 mois finit par prendre la parole. Le petit homme aux traits fins et aux cheveux grisonnants a l’air accablé. Il ne parle qu’arabe. Mohammed fait la trad’ :
« Il dit qu’il a quitté la guerre dans son pays et qu’il la retrouve ici »
Comme Amir, plusieurs migrants témoignent de leur peur de rester à la rue. Mais Paris ne compte pas plus d’hébergements que par le passé. « Aujourd’hui, tous les centres sont déjà complets », explique à StreetPress l’association Emmaüs Solidarité, contactée à midi.
(1) – Le prénom a été modifié
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