En ce moment

    08/06/2015

    Un élu raconte l'expulsion musclée des migrants à la Halle Pajol

    « Un CRS m’a collé une droite en pleine figure »

    Par Hugo Touzet

    Hugo Touzet, élu PCF à la mairie du 18e, était présent Halle Pajol (Paris 18e) quand les CRS ont débarqué pour embarquer une centaine de migrants. Dans la mêlée, il a reçu une bonne droite.

    Je suis élu à la mairie du 18e et j’habite dans le coin. Tout mon week-end, je l’ai passé à la Halle Pajol. Les migrants dormaient sur l’esplanade Nathalie Sarraute, à côté de la bibliothèque Vaclav Havel. Le samedi et le dimanche, les gens venaient nous aider à distribuer de la nourriture. On espérait que la mairie de Paris mette à disposition un gymnase pour que les migrants puissent avoir un toit au-dessus de la tête. On attendait une réaction du gouvernement. Et sa réponse, ça a été d’envoyer les CRS. Et en masse !

    La Halle Pajol bouclée

    Je suis arrivé à la Halle Pajol vers 14h, peu après que les CRS n’arrivent sur place.
    Les migrants devaient être un peu plus d’une centaine. Personne à la mairie du 18e n’était au courant de cette opération. Le préfet de police a pris cette décision, probablement sur ordre du gouvernement, sans se concerter avec les élus, ou les associations.

    Rapidement les CRS ont bloqué les migrants contre le mur de la Halle. Ils formaient un cordon de sécurité pour les empêcher de s’enfuir. Par vague, des escouades de CRS allaient chercher les migrants puis les forcer à rentrer dans deux bus stationnés sur la chaussée.

    Par rapport à ce qui s’est passé vendredi du côté de la Chapelle, je pense qu’on a passé un cap niveau violence. Dans la mêlée, j’ai vu 3 personnes inconscientes être portées à bout de bras par des policiers. D’autres ont été piétinées.

    Élu à terre

    Avec des élus du Front de Gauche, du PCF et d’EELV, on a fait un cordon pour protéger les migrants des CRS. On portait nos écharpes d’élus et on montrait bien nos cartes.

    Les CRS ont tapé dans le tas, indistinctement. Rapidement, je me suis fait sortir de force du cordon et plusieurs CRS m’ont plaqué sur le sol. Dans la cohue, l’un d’eux a glissé sur un carton. Il était visiblement énervé et m’a collé une droite en pleine figure. Alors qu’il s’apprêtait à recommencer, ses collègues l’ont retenu. Ils lui disaient :

    « Arrête c’est un élu, t’es en train de faire une connerie »

    Rapidement l’affaire a été pliée. A l’heure actuelle, la police est encore sur place. Mais il n’y a plus de migrants aux abords de la Halle Pajol.

    De cette manière, ça ne règle absolument rien

    Aujourd’hui on ne sait pas si les personnes arrêtées vont être expulsées ou remises à la rue. On ne sait même pas où elles sont. Le directeur du cabinet du préfet nous a seulement dit qu’il les emmenait dans un « lieu » pour évaluer leur situation… C’est vague !

    L’idée de la préfecture est d’éviter qu’un nouveau campement comme la Chapelle se reforme. Mais évacuer des campements de cette manière, ça ne règle absolument rien. Ça ne fait que faire monter les tensions ! La solution concrète c’est d’avoir des hébergements pour traiter la situation de chaque migrant au cas par cas.

    >>> Lire aussi : “Migrants et policiers jouent à cache-cache dans le 18e”:http://www.streetpress.com/sujet/1433528150-evacuation-camp-la-chapelle-migrants-policie-cache-cache-18e

    Source photo de Hugo Touzet à terre : @CitizenDuquesne

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER