« Mon univers c’est la rue, et je veux la faire bouger et ça, ça n’a pas changé ! » lâche Sully Sefil, rappeur aux 600.000 disques vendus et ancien boss de la marque Royal Wear. StreetPress le retrouve au sous-sol de sa boutique Rock the Street , installée dans le quartier de Montorgueuil. Dreadlocks, bonnet noir et éternelles taches de rousseur, Sully Sefil n’a presque pas changé et fait toujours dans le streetwear. Autour de lui, des portants couverts de fringues noires et blanches, barrées de la croix qui symbolise sa nouvelle marque. « Le SS, c’est pour Sully Sefil », précise l’intéressé, alors que je tique sur les chevrons en forme d’éclairs.
Le blues du businessman
« J’voulais qu’on puisse un peu kiffer, j’voulais qu’notre vie soit fantastique », rappe Sully au début des années 2000. Souhait exaucé : le single « J’voulais » reste 24 semaines dans le top 50 et l’album est certifié disque d’or.
Vidéo Le single qui a propulsé Sully
Invité à Cannes, il monte les marches sapé en costard beige sur mesure , siglé Royal Wear, sneakers aux pieds. Sa marque de fringue se taille la part du lion dans les shops hip-hops et les cours de lycées.
« Avec la notoriété viennent les critiques, et faut encaisser », constate l’entrepreneur du hoodie. MC Jean Gabin et même La Fouine lui balancent des vacheries par morceaux interposés et sa carrière musicale patine. En 2010, quand Sully Sefil s’envole pour Los Angeles, il a le moral dans les chaussettes. Le MC fait une grosse remise en question :
« Là-bas, j’ai passé pas mal de temps tout seul, ce qui m’a permis de réfléchir : est-ce que j’ai vraiment envie de continuer dans le show-biz ? »
D’autant que le rap-français le fait moins kiffer :
« Il y a une partie du mouvement qui s’est approprié le rap pour en faire un truc de gangster. J’y avais un peu moins ma place. »
Côté business, l’aventure Royal Wear se finit en eau de boudin en 2006. Un associé peu scrupuleux le laisse sur la paille. Le souvenir est douloureux et huit ans plus tard Sully se ferme quand on évoque le sujet. Dans la foulée de Royal Wear, il tente de se relancer avec la marque Dumpe Fresh. Mais patatras, l’histoire se répète : son investisseur prend le bouillon et c’est le retour à la case départ pour Sully.
Sully Sefil devant sa boutique Rock the Street / Crédits : Mathieu Molard
Rock the Street
2014, après une bonne remise en question, il est de retour dans le sape-game. « C’est ce que je sais faire de mieux », balance l’intéressé, smile aux lèvres et visiblement en forme dans ses baskets noires. Sa nouvelle marque Rock the Street lorgne autant du côté du rap que du rock ou du skate. D’ailleurs comme égérie, Sully n’est pas allé chercher une tête d’affiche du rap français mais le pilote de moto-cross Gaétan le Hir ainsi que les X Riders , un collectif spécialisé dans les cascades à moto.
Mais Sully ne s’occupe pas seulement du marketing, il garde la main sur tout, et dessine chaque vêtement. De la toute première pièce – « un hoodie, bien défoncé au cutter » – jusqu’à sa dernière série de t-shirts. Et sa patte commence à être reconnue :
« Hier j’étais invité à présenter la marque dans une grande école de mode. C’était un peu bizarre, mais cool. »
De retour dans le son
Il n’a pas non plus tourné le dos à la musique. Comme pour les fringues, son nouveau son se veut à la croisée de plusieurs univers : un flow hip-hop sur une mélodie rock.
Vidéo Sully est de retour dans le son
L’album est déjà enregistré, avec le batteur et le guitariste d’Aston Villa. Prochaine étape, un concert à la Cigale en janvier 2015. Un show produit par l’humoriste Patrick Vaisselier qui « a entendu un de [ses] sons et a vraiment aimé ».
Sans morceau en radio, ni major pour le soutenir, arrivera-t-il à remplir les 1.400 places de la Cigale ?
« Au pire ce sera une énorme fête entre nous ! »
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