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    25/09/2014

    Squatteurs il y a 10 ans, ils tiennent aujourd’hui la plus grande ressourcerie de Paris

    La success story des ex-squatteurs de La Petite Rockette

    Par Robin D'Angelo , Robin D'Angelo

    Évacuée de son squat en 2010, la Petite Rockette s’est renouvelée en ouvrant un magasin de recup’, rue du Chemin Vert (Paris 11e). Le succès est au rendez-vous, au point que la mairie souhaite en faire un modèle à reproduire.

    (img) Effectivement, c’est encore mieux que Tati small-prix2.jpg

    « Ça, c’est la grosse surprise qu’on prépare pour le mois de septembre ! » Martin est excité comme une puce lorsqu’il désigne à StreetPress la boutique en travaux qui jouxte le bâtiment de La Petite Rockette. A partir de la rentrée, la ressourcerie de la rue du Chemin Vert (Paris 11e) va encore s’agrandir en ouvrant « un café repair ». Les clients pourront y apprendre à retaper des grille-pains ou recoudre des petites culottes. Le tout en buvant un coup et en écoutant du bon son.

    Une ressourcerie ? Un magasin où tous les objets ont été récupérés puis retapés avant d’être remis sur le marché à prix cassé. Pour la Petite Rockette, le carton est total. Ouverte en 2011 rue Oberkampf, elle employait à ses débuts 3 salariés dans un local de 600 m2. Un déménagement et 3 ans plus tard, ils sont 14 à bosser dans gigantesque espace de 1.200 m2.

    Prix cassés

    Au rayon jouets et vêtements pour enfants de la boutique, Nassira, maman d’un marmot de 6 ans, montre le mug qu’elle vient d’acquérir pour 50 centimes. « Moi, j’adore les tasses avec des messages écrits dessus ! » Devant une rangée de pantalons qui pendent sur des cintres, Stéphane, 44 ans. Ce chômeur fréquente la boutique presque quotidiennement depuis ses débuts :

    « Tout est trop cher, même chez Emmaus. Ici les prix sont imbattables. Et puis j’aime bien l’idée de ne pas polluer. Imaginez que tous ces objets soient dans la rue ! »

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    "Ici les prix sont imbattables. Imaginez que tous ces objets soient dans la rue !" / Crédits : Robin d'Angelo

    Au sous-sol de La Petite Rockette, une immense pièce avec ses milliers d’objets éventrés. Électronique, menuiserie, couture : les bénévoles et les employés s’affairent à retaper sur de grands plans de travail les objets en fonction de leur spécialité. Comme Martin, un passionné de la bidouille, qui pour son plaisir s’amuse à créer … des imprimantes 3D à partir de matériel de récup’.

    Ecolo

    Dans un coin de la pièce, un monte-charge fait la jonction entre le point de collecte de la boutique à l’étage et la salle de retap’ au sous-sol. La ressourcerie de La Petite Rockette fonctionne grâce aux fonds de tiroir que déposent les passants. Objectif : lutter contre le gaspillage. Martin, 26 ans et salarié depuis 3 ans, insiste :

    « On ne jette aucun objet. Tout ce qui arrive ici est retapé pour être remis en vente. »

    Delphine Terlizzi, une des fondatrices, explique pourquoi ses prix sont les moins chers du marché :

    « Avec tout ce qu’on récupère, on ne peut pas garder certains objets plus de 10 jours. Alors on casse les prix au maximum pour faire de la place. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/big-retape2.jpg

    1200m2 d'un joyeux bordel / Crédits : Robin d'Angelo

    Squat

    Dans son bureau de la Petite Rockette, Delphine Terlizzi, la maman du projet, savoure l’ironie de la situation :

    « Il y a 4 ans, on ne savait même pas ce qu’était une ressourcerie. En 3 mois, on a dû tout apprendre. »

    Avant de devenir un magasin de récup’, La Petite Rockette était un squat. L’histoire commence en 2005 quand Delphine et ses potes investissent un bâtiment abandonné rue Saint-Maur (Paris 11e). Pendant 4 ans, les squatteurs mettent le paquet : ils proposent un maximum d’activités aux habitants du quartier. Jusqu’à négocier une convention d’occupation avec la mairie, propriétaire de bâtiment. Au moment de reloger le collectif, elle leur propose un bâtiment, rue Oberkampf. Mais ils ont l’interdiction d’y loger. Delphine et sa troupe réfléchissent à ce qu’ils pourraient y faire. Leur vient l’idée d’une ressourcerie

    Devenu pro

    Aujourd’hui, la Petite Rockette est devenu la plus grande ressourcerie de Paris. « On est débordé par le succès », avoue Delphine. Pour l’année 2014, le budget de l’association est estimé à 500.000 euros. Elle est financée à 58% par des subventions, principalement par la région Île-de-France et le service propreté de la Mairie de Paris.

    (img) Delphine Terlizzi, fondatrice et maire-adjointe de l’arrondissement small-terlizzi.2jpg.jpg

    Pour se développer, le spot peut compter sur le réseau de sa fondatrice, passée des squats à la politique. 3e sur la liste du candidat Vert aux dernières municipales dans le 11e, Delphine Terlizzi est aujourd’hui maire-adjointe de l’arrondissement, en charge de la jeunesse et de l’éducation. Via le réseau du réemploi en Île-de-France, elle travaille avec la mairie de Paris pour accompagner le développement de nouvelles ressourceries dans la capitale. Objectif : l’ouverture de 20 magasin de récup’ en 2020. Soit un par arrondissement.

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