“Le Quatre Heures”:https://www.lequatreheures.com/fr/episodes/pisode-1-1 est de retour aujourd’hui. Au programme de ce (presque) nouveau média : une longue enquête par semaine mélangeant du texte, de la photo, du son et de la vidéo pour des reportages à 360° sur internet. Après un an de stand-by, le site redémarre avec toujours aux manettes les jeunes journalistes qui se sont rencontrés sur les bancs du Centre de Formation des Journalistes (CFJ).
« Le principe est toujours le même : un reportage chaque mercredi à 16h pour le goûter. », explique Estelle Faure , co-fondatrice du Quatre Heures. Le format est basé sur l’expérience de lecture multimédia en immersion. En d’autres termes, pas besoin de cliquer, ou de naviguer sur le site. Le reportage se déroule naturellement à mesure que vous scrollez (soit faire descendre sa souris) et les sons ou vidéos se lancent automatiquement. Ce que les professionnels appellent l’effet de parallaxe.
Leurs inspirations : les mooks – médias mi-magazine, mi-book – comme XXI, ou les nouveaux formats internet comme Snow Fall du New York Times.
« On voulait faire du long format, mais mis en valeur par ce que le web offre de mieux. Il manque un endroit sur internet où tu peux prendre plaisir à lire des articles. L’idée est de ressentir les choses quand tu es devant ton ordi. »
The Story Cette aventure de magazine multimédia, Estelle l’a entamée l’an dernier avec ses copains de promo, lorsqu’elle était étudiante en journalisme au CFJ. « On était en spécialité presse écrite et multimédia. A l’époque, on nous avait demandé de créer le média de nos rêves. » Les treize étudiants se lancent à fond dans leur projet, le tout financé grâce aux 10.000 euros filés par leur école. Ils publient alors six reportages sur six semaines. Et surprise, ils reçoivent un accueil très favorable de la part des professionnels, mais également des lecteurs.
« On avait passé la barre des 25 000 visiteurs uniques, ce qui est plutôt cool pour un projet étudiant. Et on a toujours 1400 abonnés à la newsletter, qui sont donc intéressés par le projet et nous suivent. »
Les étudiants entament ensuite leurs CDD obligatoires de fin d’étude [oui, le diplôme du CFJ obtenu, l’école impose des « CDD obligatoires » à ses étudiants, ndlr !]. Certains trouvent un job, d’autres, comme Estelle, commencent à piger. Mais l’idée de relancer leur média trotte toujours dans un coin de sa tête. Elle décide de se lancer, quitte à se consacrer exclusivement au Quatre Heures.
Avec elle, il y a ses camarades de promo Charles-Henry Groult et Romain Jeanticou. Ces derniers ont décliné des offres dans des médias connus pour soutenir le projet. Reste le petit nouveau, Valentin Fluteau, le monsieur gestion, tout jeune diplômé d’école de commerce. « Un pote, il nous avait dit que si on se lançait, il nous suivrait. On l’a pris au mot. » Ils forment ensemble le noyau dur du Quatre Heures, autour duquel gravite encore la plupart de leurs acolytes du CFJ.
« C’est un beau projet auquel on croit vraiment. Et si on ne se lançait pas maintenant, on ne le ferait jamais. »
La team :
Web série Pensé comme un magazine slow-web, le site fonctionne par série de sept reportages liés par un fil rouge. « C’est comme une série télé où chaque reportage est un épisode. Et on attend la suite avec impatience chaque semaine », explique Estelle. Le nouveau média ne compte donc pas traiter de l’actualité chaude :
« Nos sujets raisonnent pas mal avec le contexte social actuel. C’est ce qui donne leur légitimité. Mais on veut prendre le temps d’aller dans un sujet, de faire parler les gens, de s’arrêter un petit moment sur leur histoire personnelle. On veut toujours faire ce pas de côté. »
C’est ce qu’ont fait les trois auteurs du premier épisode sorti aujourd’hui : « Ennemis et Frères ». Il raconte l’histoire de Johannes et Léon, deux rescapés du débarquement en Normandie. L’un est allemand, l’autre français. Ils vivent maintenant à deux rues d’écart à Ouistreham. A travers leurs témoignages, les journalistes retracent le récit du 6 juin 1944, avant d’en arriver à l’amitié des deux hommes. Un sujet touchant, d’actualité, mais pas forcément très funky. On se souvient par exemple de reportages comme « Trans Express», sur des transsexuels turcs ou « Dans l’antichambre de la mort » sur la vie des embaumeurs, publiés l’an dernier, peut-être plus surprenants.
BUSINESS PLAN Si le premier sujet, « Ennemis et Frères », est en lecture gratuite, il faudra sortir le porte-monnaie pour suivre la suite de la saison « Ailleurs en France ». L’équipe a parié sur la formule de l’abonnement : 8,90 euros pour l’offre découverte, qui comprend une saison de reportages, soit sept sujets. La saison prochaine, la souscription devrait passer à 9,90 euros. Il sera également possible d’acheter les reportages à l’unité pour 1,90 euro :
« Pour moins cher qu’une place de ciné, t’es posé chez toi, avec ta tasse de thé et tu prends le temps de lire tranquillement tes articles. Tu as une vraie expérience web à domicile. »
Le but est aujourd’hui de faire vivre la structure, mais aussi de construire un modèle économique viable. Et Estelle assure que la team n’a pas chômé. Tout a été fait pour que leur offre soit attractive : nouveau site, nouvelles options, espace salon où les internautes pourront discuter avec les journalistes et les personnes interviewées dans les reportages, le tout disponible sur tablette et portable.
« Mais sur mobile c’est moins confortable. Pour optimiser l’expérience, mieux vaut se poser dans son canapé avec son ordinateur et son goûter. »
On veut prendre le temps de faire parler les gens, de s’arrêter un petit moment sur leur histoire personnelle
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