En ce moment

    27/12/2011

    « Oyé Sapaya ça vous dirait d'aller voter avec mon ami et moi ? »

    A Fresnes pas si simple d'inscrire les jeunes sur les listes électorales

    Par Samba Doucouré

    Sur StreetPress Almamy Kanouté en rigole: «Les jeunes ne prennent pas la peine de lire mes SMS!» Avec le collectif AC Le Feu, il les aide à s'inscrire sur les listes électorales... quand ils n'oublient pas de venir avec leurs pièces justificatives.

    Almamy Kanouté , 31 ans, est conseiller municipal à la mairie de Fresnes. Baskets Air Jordan, pantalon baggy et barbe bien brossée (« because barb is beautiful ») « Mam » pour les intimes est devenu en quelques années la mascotte de la ville. Pas seulement à cause de son look et de ses nombreuses apparitions dans les clips de rappeurs célèbres mais surtout pour son activisme comme ici .

    Mais depuis un certain temps quand les habitants de la ville le saluent chaudement au détour d’une rue Mam en profite alors pour leur rappeler leurs devoirs de citoyen. Chaque jeune qu’il croise a droit au même rituel : « Tu es inscrit sur les listes électorales ?» Et si la réponse est négative, Mam dégaine son BlackBerry et prend les coordonnées du jeune. Celui-ci aura droit à un SMS de rappel avec les pièces à apporter.

    Retards Aux côtés du collectif AC Le Feu, Almamy Kanouté participe à l’opération « Armons les quartiers », une campagne d’inscription sur les listes électorales. Des photos de Tony Montana et Malcom X ont été détournées pour capter l’attention des « ghetto youth ».

    Mardi 20 décembre, c’est à Fresnes que s’est arrêtée la «caravane » du tour de France des quartiers populaires. Le rappeur Kamelancien, un des étendards du rap val-de-marnais, s’est déplacé pour l’occasion. Mais la visite surprise est ratée: seulement deux adolescents étaient présents à l’heure du rendez-vous. « Je leur ai dit de venir entre 13h et 17h, du coup ils vont tous venir après 16h » ronchonne Almamy qui continue de faire chauffer le BlackBerry.


    Almamy et son Blackberry

    Vos papiers siouplait Des jeunes arrivent quand même par packs de 2, 4 et 6 dans l’heure qui suit. « On se décoiffe avant de rentrer » rappelle Mam à chaque groupe qu’il accompagne au service de l’état civil de la mairie de Fresnes. L’un de ces groupes provient de la cité des Thibaudes, au nord de la ville. «On n’y pensait pas trop. C’est Almamy qui nous a motivé, c’est quelqu’un de chez nous et il fait des choses bien. »

    Problème: Aucun d’entre eux n’a pu valider son inscription car il leur manquait chacun une des pièces justificatives. «Ils ne prennent même pas la peine de lire mes SMS, je leur dit de venir ils viennent c’est tout !» explique Mam qui s’amuse malgré tout de la situation. Latif 22 ans est lui déjà inscrit – « j’ai suivi mes potes parce qu’ils sont archi marrants » – avant de regretter leur manque d’organisation: «On pourrait même mettre un mec de cité à la tête de la ville si on avait une autre mentalité. »

    37 inscrits Certaines comme Aminata, 17 ans, ne pourront pas voter lors de l’élection présidentielle mais viennent se faire recenser: « Le recensement je ne sais même pas ce que c’est. Mam nous a dit que c’était pour pouvoir voter. Lui il s’occupe bien des jeunes et heureusement parce qu’on est pas assez informé. »

    « Les jeunes s’intéressent à la politique lorsque l’on s’adresse à eux avec leurs codes, pas comme à la télévision ou à la radio » raconte Almamy qui assure par ailleurs que la défiance envers les hommes politiques ne facilite pas son travail .

    Malgré tout une soixantaine de jeunes se sont déplacés pour la journée et plus de la moitié ont été inscrits.

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€ 💪
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER