Salut Melissa.
Ah, non ! Mon nom, c’est Mélanie !
Ah ! Désolée ! Et Melissmell ça vient d’où alors ?
De plusieurs choses. Dans Melissmell, tu retrouves la mélisse, une plante qui pousse partout en France où il y a du soleil. C’est une plante très tonique qui soulage les maux de tête et les mots de ventre. Après il y a «smell» pour l’odeur. Moi par exemple, je ne me lave que les dimanches. Ensuite, on retrouve le « Smell », comme Smell Like Teen Spirit, en hommage à Nirvana. Enfin, il y a le mot mélisme. C’est une technique vocale qu’on utilise dans tous les chants religieux et un mot grec qui veut dire mélodie.
Comment as-tu réussi à mixer tous ces mots ?
Au départ, j’ai cherché dans le dictionnaire un mot qui commençait par «mel» parce que Mel existait déjà, elle habite à Nancy, et fait de la chanson française. Je suis tombée sur la mélisse et j’ai pensé à smell. Trois ans après, on m’a parlé de mélisme et je me suis dit que c’était une belle coïncidence.
Melissmell – Ze Story
Juillet 2007 : Mon tout premier festival Chauffer dans la noirceur (conduire la nuit en québécois) en Bretagne.
2008 : Elle bosse sur le festival C’est dans la vallée. Elle est notamment chargée de déposer Rodolphe Burger à la gare!
16 janvier 2009 : Première partie de Peps. Elle chante “Je me souviens” pour la première fois. Dans la salle, tout le monde se met à pleurer.
Mai 2009 : Elle gagne le 2e Prix Public aux Découvertes de Montauban
A venir : Le 17/11 au café de la danse (Paris) et la première partie d’ Arno le 11 janvier 2011 à Chambéry.
Maintenant qu’on connaît la naissance de Melissmell, dis-nous en plus sur Mélanie…
Je suis née en Ardèche et j’ai un peu fait le tour de France pour trouver des musiciens en exerçant pas mal de métiers différents. Je suis arrivée à Paris en 2006 et je jouais dans la rue, dans les bars, dans de toutes petites salles, sans jamais trouver de musiciens. Quelqu’un m’a proposé de travailler en collaboration sur mes chansons et je suis partie à Strasbourg. C’est finalement là-bas que j’ai trouvé des musiciens et je m’y suis installée.
Et ça te plait ?
Ce que j’aime beaucoup à Strasbourg, c’est que même si c’est petit, c’est très dense au niveau culturel. C’est une porte ouverte sur l’Europe. La musique, elle, vient d’Angleterre, d’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Europe de l’est…toutes les musiques arrivent à Strasbourg.
Ta chanson « aux armes » est-elle un clin d’œil à Gainsbourg ?
Bien sûr !
Pour le côté subversif ?
C’était un clin d’œil à plusieurs choses. Je l’ai écrite en mai 2008 parce que notre cher président nous disait que mai 68 n’avait pas existé, que c’était de la merde, que ce n’était rien. Un petit clin d’œil à Gainsbourg ne fait pas de mal, et en même temps, j’avais envie de jouer sur le second degré.
C’est-à-dire ?
Quand je dis Faites entrer l’accusé , c’est au peuple que je parle. C’est vous qui avez choisi ce merdier, maintenant démerdez-vous, ce n’est pas moi qui ai voté pour ce truc. C’était aussi une référence aux Inconnus quand ils font des parodies sur des groupes. L’idée était de reprendre l’Internationale, de mettre la Marseillaise au milieu, de se foutre de la gueule du foot et de mettre le tout à ma sauce.
A la première écoute, c’est quand même super violent !
Moi je le vois comme du second degré. Mais c’était à double tranchant. Si je faisais tout au second degré, on ne m’aurait pas pris au sérieux. Alors je l’ai fait à fond. Je voulais parodier et foutre le bordel dans cette Marseillaise. Je suis très engagée, pour les plus pauvres, ceux qui viennent de là d’où je viens, c’est-à-dire de rien.
Et comment se manifeste cet engagement ?
Pour l’instant, c’est à ma petite échelle. Quand je serais plus connue, je pourrais peut-être faire plus de choses. Mais je ne fais jamais grève. Je trouve qu’il est plus intéressant d’aller prendre le paillasson de là où ça nous emmerde, d’aller foutre le bordel directement à l’Elysée, et d’aller chier devant ! Il faut avoir des idées un peu plus poussées plutôt que de simplement gueuler sa rage dans la rue.
« L’idée était de reprendre l’Internationale, de mettre la Marseillaise au milieu, de se foutre de la gueule du foot et de mettre le tout à ma sauce. »
Tu crois que la lutte finale est pour bientôt ?
Oui. On a assez de sang chaud, on est suffisamment d’enfants d’immigrés pour se dire « ouais, on peut le renverser ». Aujourd’hui, les femmes ont assez de force pour aller faire des choses, et assez d’hommes sont avec ces femmes là. Mais ce n’est que mon avis. On est quand même une majorité à penser la même chose et à ne pas vouloir cette société-là.
C’est quoi le problème de cette société ?
C’est l’argent le problème. On est dans une société où c’est le fric qui prime, et qui coince tout le monde. S’il n’y avait pas le fric, ce serait l’être vivant qui primerait, avec autre chose comme des échanges de services, du troc…
Communiste, alors ?
Pire que ça ! J’ai un drapeau noir sur la tête. Après je ne peux pas mettre mes idées en application. Ca serait bien de rassembler les personnes qui pensent la même chose et qu’elles arrêtent de se tirer dans les pattes.
La poésie, ça a de l’importance dans ta musique ?
C’est justement par là que je peux arriver à donner des images. L’important, c’est la poésie. C’est l’un des plus beaux arts, un des plus durs à pratiquer.
Sur un de tes anciens blogs, j’ai écouté une chanson «Liberté j’écris ton nom sur…»
Je n’ai plus le droit de l’interpréter. C’est un texte de Paul Eluard qui a été écrit en 1953. Pour sa famille, soit je l’interprète en entier, soit je ne l’interprète pas. Mais ce poème fait 84 vers, ce qui donnerait une chanson de 12 minutes, et ce n’est pas possible. En fait, je voulais piocher dans ce texte pour lui donner le goût d’aujourd’hui. Je voulais qu’il soit compréhensible aussi par les illettrés, parce que je suis dyslexique. J’avais envie de faire comprendre ce texte aux gens qui ne savent pas lire.
Le titre de ton album « Ecoute s’il pleut », c’est une question, une affirmation, une invitation ?
Les trois à la fois. C’est une question : est-ce que tu écoutes la pluie, est-ce que tu restes sous cette pluie ? J’adore me mettre sous la pluie et écouter s’il pleut. C’est une proposition : écoute cet album s’il pleut dans ton cœur, dans ton âme, ça te soulagera peut-être un petit peu.
C’est de ça dont parle ton album ?
Ca traite de sujets globaux. Je n’avais pas envie d’aller dans le détail parce qu’on ne me connaît pas. Je voulais présenter une palette où on sent la féministe, la tendresse, la femme de 30 ans, la révoltée, la pseudo-adolescente que j’ai été.
Ça a été dur de tout mélanger ?
Ça a été dur de mettre un lien entre tout ce que je suis, entre mes différents « moi ». Généralement quand tu écoutes un album, c’est un peu la même chanson tout du long et là ce n’est pas du tout le cas. On passe du coq à l’âne au niveau des émotions et c’est ça qui me plait.
Melissmell – L’INTERVIEW ENGAGEE:
Est-ce que tu as voté aux dernières élections ?
Non. Enfin si ! C’était pour Sarko, c’est ça ? Bon ben alors non, pas depuis.
La dernière fois que tu as fait grève ?
Je ne fais jamais grève, mais je soutiens de ma fenêtre.
Ta dernière manif ?
A Strasbourg où je me suis pris 15h de marche et je me suis défoncé les chevilles.
Ton dernier coup de gueule politique ?
Tout récent. Je me suis dit « allons-y, allons-y » pour les Roms. Ca se voyait comme un immeuble au milieu du désert.
Tu connais les paroles de la Marseillaise ?
Je les ai lues, mais je ne les connais pas par cœur parce qu’elle me fait chier. L’hymne de la France, c’est les partisans, ce n’est pas cette chanson là !
Le MySpace de Melissmell
Jeu-Concours: Deux places sont à gagner pour le concert de Melissmel au festival Nos artistes ont des talons, au Café de la Danse à Paris, le 17 novembre. Pour cela répondez à la question: Dans quelle ville Melissmell a participe à manif pour la dernière fois ? en envoyant votre réponse à redaction@streetpress.com
Source: Noémie Toledano | StreetPress
Crédits photos: Michela Cuccagna | StreetPress
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